Revue de presse du 22 décembre 2005

24 fév 2009

Revue de presse du 22 décembre 2005

L'interview exclusive du Commissaire européen au Développement et à l'Aide humanitaire, Louis Michel, sur le référendum et le processus électoral en RDC, fait la Une du POTENTIEL. Les journaux kinois parus ce jeudi, continuent de commenter les résultats du scrutin des 18 et 19 décembre 2005.
Louis Michel : « Tshisekedi est un homme de qualité, mais... » : C'est le titre de l'interview exclusive accordée au POTENTIEL par le Commissaire européen au Développement et à l'Aide humanitaire, en visite depuis lundi à Kinshasa. A la réponse à la question de savoir ce que le diplomate européen pensait du boycott au référendum constitutionnel décrété par le leader de l'Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS), parti de l'opposition radicale, il répond : « Je respecte M. Tshisekedi. Je ne suis pas du tout son adversaire. Mais il faut reconnaître qu'il y a déjà un petit temps, sur un certain nombre de choses, je ne partage pas son point de vue. (...) Je crois que ça n'a pas de sens de demander le boycott d'un vote lorsqu'on sait que c'est la première fois qu'un peuple va user de son vote démocratique pour donner son avis. (...) Quand il y a des gens qui disent surtout à ce peuple de ne pas utiliser le droit qui est le sien, cela a quelque chose qui ne correspond pas à l'idée que l'on se fait de M. Tshisekedi ». Louis Michel pense qu'Etienne Tshisekedi aurait pu apporter au Congo son expérience, sa capacité : « C'est un homme de qualité, poursuit-il, mais je crois qu'il s'est trompé de stratégie. (...) Sincèrement, je n'ai pas bien compris en quoi consistait sa stratégie, pourquoi il a fait ce qu'il a fait ». Sa popularité aurait pu être démontrée au moment du scrutin, estime le Commissaire européen. « S'il est populaire, eh bien, quelle plus belle occasion avait-il de démontrer qu'il était populaire (...), de montrer que son parti était populaire ! S'il a un programme pour le Congo, (...) des idées, (...) il devrait absolument les présenter à l'électeur et chercher à le convaincre. Donc, je ne comprends pas en réalité le sens de son boycott », déclare M. Michel au POTENTIEL. Se prononçant sur l'éventualité de négociations après le référendum, il a donné son point de vue: « il n'est pas question de ne pas poursuivre le processus. On a organisé le référendum, il faut poursuivre les élections sans délai ».

La raison de sa visite en RDC en ce moment ? « Je suis venu pour saluer la victoire du peuple congolais. Ensuite, je suis venu pour consolider ce que ce référendum incarne : (...) le Congo s'est doté d'une constitution moderne, démocratique comme il en existe dans toutes les meilleures démocraties du monde : la séparation des pouvoirs, la garantie des droits individuels et collectifs, l'élection démocratique. Je crois qu'il n'y a dans cette constitution que des éléments positifs pour la population congolaise. (...) Plus rien ne s'oppose à ce qu'il y ait des élections démocratiques. Ce serait inexcusable qu'elles n'aient pas lieu avant le 30 juin 2006. Donc, je suis venu dire qu'il faut aller vite pour élaborer la loi électorale (...) Je suis également venu dire que si les élections avaient lieu avant le 30 juin 2006, la Commission européenne prévoyait une augmentation très substantive de l'aide au développement pour le Congo ». Accusé d'être proche du président Joseph Kabila, Louis Michel se défend : « Je ne suis pas plus proche de M. Kabila que de M. Bemba ou de M. Ruberwa. (...Ce) sont des hommes que je respecte, tout comme M. Tshisekedi. (...) Mais je suis proche des Congolais (...) que je considère comme des soeurs et frères parce que eux et moi avons une histoire commune : mon pays la Belgique est redevable du Congo. J'aime les Congolaises et les Congolais. C'est un peuple qui a beaucoup souffert. Mon devoir, en tant que Belge, c'est d'avoir une proximité vis-à-vis de ce peuple. Je demande à MM. Kabila, Bemba, Ruberwa (...) Tshisekedi, de se préoccuper des Congolais ».

Tshisekedi dénonce des fraudes massives et promet des manifestations, titre pour sa part LE PALMARES qui rapporte une révélation faite par la Radio Télévision Belges Francophones (RTBF). L'UDPS dénonce l'utilisation d'urnes non transparentes, en l'occurrence des « cartons de cigarette » dans certaines provinces comme à l'Equateur, ce qui aurait permis « de bourrer ces urnes de fortune », note le journal. Ce parti dénonce aussi « l'interruption volontaire du courant intervenue dimanche, (...) juste à la clôture du scrutin », ce qui aurait également contribué au bourrage des urnes. « Pour sa part, la CEI (Commission Electorale Indépendante) s'en fiche et promet les deuxièmes tendances aujourd'hui », annonce le quotidien.

« Le taux de participation toujours introuvable », la CEI face au défi de la transparence, souligne LE PHARE en première page. Selon cette parution, d'aucuns s'inquiètent du silence de la CEI sur les abstentions et les bulletins nuls, « ce qui tend à inoculer le doute dans les esprits » et constitue « des raisons suffisantes de contester les résultats en phase de publication ».

Pour LA TEMPETE DES TROPIQUES, la victoire du « oui » est un non événement. Le journal s'étonne que « dans la capitale du pays où la CEI prétend que le "oui"l'a emporté sur le "non" à hauteur de 50,45%, la population qui est généralement très spontanée (...soit) restée totalement indifférente dès le premier instant de l'annonce des résultats ». Pour Louis Michel, indique LE POTENTIEL, les 49 % de "non" des Kinois qui ont rejeté le projet de constitution n'ont « aucune signification. Ce qui est significatif, c'est le fait qu'une majorité confortable ait décidé de voter "oui" dans le pays ». Le score à Kinshasa est moins bon, explique-t-il, parce que dans la capitale congolaise, « il y a une politisation plus forte, (...) Il y a aussi des esprits plus critiques ». Mais LA TEMPETE DES TROPIQUES rétorque : même dans les provinces de l'Est (Nord et Sud-Kivu, Maniema, Province Orientale) où la propagande gouvernementale a présenté le projet de constitution comme une potion magique destinée à éliminer les souffrances consécutives à l'occupation du territoire par le RCD/Mouvement politico-militaire, et où il y a eu un taux élevé de "oui" (respectivement 96,20%, 97,77%, 96,32% et 80,96%), « les populations ne sont pas descendues dans leurs églises pour chanter le Te Deum rituel ».

L'OBSERVATEUR rend compte du point de presse tenu à Kinshasa par le chef de la Mission d'observation électorale de l'Union européenne. Philippe Morillon : « Nous avons intérêt à voir les Congolais sortir du chaos », titre le journal en première page. Il a salué « le dévouement et l'engagement du personnel de la CEI, en dépit des difficultés ayant handicapé le déroulement normal du scrutin référendaire », notamment l'immensité du pays accentué par le manque de communications, les défaillances ayant entraîné le retard ou l'absence de vulgarisation du projet de constitution. M. Morillon, souligne le quotidien, a refusé catégoriquement d'admettre que le scrutin référendaire était orienté d'avance vers le "non". « Nous n'avons payé personne pour aller voter "oui" », a répondu Philippe Morillon, « d'un ton comique ». « Le taux de participation des Congolais à ce scrutin est de loin supérieur à celui connu en France et même aux Etats-Unis », a-t-il précisé, cité par L'OBSERVATEUR.

A en croire L'AVENIR, citant le journal français L'HUMANITE, le Rwanda et l'Ouganda ont soutenu le "non " au référendum constitutionnel congolais. « Leur souhait, a poursuivi le confrère, c'est d'obtenir un "non" qui pouvait ouvrir une longue période de navigation à vue », écrit le quotidien kinois. Il se pose la question de savoir « ce que ces deux pays feront maintenant que le "oui" l'a emporté ». Pour L'AVENIR, « la Communauté internationale, qui sait souvent que les dirigeants de Kigali ne s'encombrent que de très peu de scrupules, doit tenir Kigali et Kampala à l'œil. Tout peut arriver, mais aussi tout peut être évité ».

Alpha Oumar Konaré salue la participation massive des Congolais au référendum, fait encore savoir le même journal qui publie un communiqué du Président de la Commission de l'Union Africaine. La MONUC se réjouit de la participation des Congolais, titre encore LE PHARE. Il rend compte du point de presse hebdomadaire de la Mission onusienne en RDC, tenu mercredi à Kinshasa. « Quelle que soit la teneur des résultats, les Congolais ont toutes les raisons de se féliciter pour l'organisation remarquable de ce scrutin démocratique, le premier depuis 1965. Un scrutin qui s'est déroulé sans incident majeur », a souligné la porte-parole adjointe de la MONUC, Rachel Eklou, citée par le quotidien.