Revue de presse du 23 décembre 2005

24 fév 2009

Revue de presse du 23 décembre 2005

La deuxième proclamation des tendances des résultats partiels du référendum publiés jeudi, la conférence de presse du Commissaire européen au Développement et à l'Aide humanitaire, Louis Michel, sont les principaux sujets qui font la Une des journaux parus à Kinshasa ce vendredi
Référendum : voici les derniers résultats rendus publics hier par Malu-Malu, annonce LE PALMARES. Oui = 81,91% Non= 17,09%, indique L'AVENIR qui précise qu'à cette deuxième proclamation des tendances, le "Oui " qui « occupe toujours le haut du pavé », a gagné du terrain par rapport au "Non". « L'opinion tient toujours à connaître les résultats définitifs, et surtout le taux de participation pour tout le pays », écrit LE PALMARES. En effet, indique-t-il, pour 58,86% de bulletins de vote dépouillés, on note 60,06% d'électeurs qui se sont rendus aux urnes dimanche 18 décembre 2005. Pour les partisans du "Non ", poursuit le journal, « le faible taux de participation démontre que c'est leur camp qui a gagné. Et de préciser qu'Etienne Tshisekedi, le leader de l'Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS) n'avait pas demandé de voter "non" mais de boycotter le scrutin référendaire ». L'engouement des électeurs n'a été perceptible que dans les provinces de l'Est, pendant qu'au sud et à l'ouest, les électeurs ne se sont pas bousculés ; ce qui justifie les disparités constatées dans le taux de participation d'une province à l'autre, souligne LE POTENTIEL. « Attendons les résultats définitifs pour en tirer les conséquences utiles pour la suite du processus », ajoute le quotidien. Dans sa rubrique le Point, LE PALMARES invite les uns et les autres à « l'humilité car le vrai vainqueur, celui qui méritera nos ovations, c'est le camp qui, après avoir accédé au pouvoir, réussira à réconcilier le peuple congolais avec le sourire, créant notamment l'abondance dans nos marchés et faisant grimper le pouvoir d'achat des Congolais. En attendant, halte au triomphalisme et laissons le temps au temps ».

La participation « importante » de la population congolaise au référendum est saluée par la France, fait savoir le même journal. Dans un communiqué du Quai d'Orsay rapporté par LE PALMARES, « la France appelle les autorités congolaises à tout mettre en œuvre pour que les prochains scrutins puissent se tenir conformément au calendrier de la Commission Electorale Indépendante, afin de ne pas décevoir les attentes que vient d'exprimer la population congolaise ». Cela montre, ajoute le Qua d'Orsay, que « la population a ainsi manifesté son aspiration à la paix et réconciliation nationale ».

Le référendum est un succès, selon Louis Michel, titre L'OBSERVATEUR. Arrivé au terme de sa visite en RDC, le Commissaire européen au Développement et à l'Aide humanitaire, qui était depuis lundi en terre congolaise, a tenu un point de presse à Kinshasa. « Le référendum est un succès pour le peuple congolais, une satisfaction pour la Communauté internationale qui accompagne la RDC dans ce processus. Lorsqu'on voit le taux de "Oui" extrêmement important, le taux de participation très élevé, il y a vraiment de quoi se réjouir », a-t-il déclaré, cité par le journal. L'homme d'Etat belge a qualifié la Constitution congolaise de « bonne et responsable ». M. Michel a appelé les parlementaires congolais à ne pas perdre le temps pour adopter la loi électorale, allant jusqu'à proposer la période de mi-janvier pour que le calendrier électoral soit respecté. « Selon lui, le système électoral le plus adéquat pour les Congolais, c'est le système proportionnel », écrit le journal. C'est le système le plus simple et le plus représentatif, pense-t-il. « La question du système proportionnel est une question très importante parce que nous croyons qu'elle caractérise la nature démocratique du système », a précisé Louis Michel, cité par L'OBSERVATEUR.

Cette conférence de presse qualifiée d'« orageuse » par LE PHARE le pousse à titrer en première page : Louis Michel sur les traces de Léopold II. « C'est donc un Louis Michel néocolonialiste, prêt à recourir à la chicotte, comme en 1885, acariâtre à souhait, à la fois suffisant et paternaliste, qui s'est présenté devant la presse congolaise pour laquelle il a démontré qu'il n'a pas la moindre considération », écrit le journal qui dénonce les « propos déplacés et injurieux à l'égard du peuple congolais ». Il accuse l'ancien ministre belge des Affaires étrangères d'avoir, tout au long de sa rencontre avec les journalistes, « déversé sa bile et tous ses venins contre les partisans du "Non" », d'avoir été partial en ne les rencontrant pas durant ses différents contacts en RDC. « Si les gens du "Non" avaient demandé de me voir, j'allais les recevoir mais pour leur dire des choses pas du tout tendres, vous connaissez mon franc-parler », a déclaré Louis Michel, cité par LE PHARE. Selon cette parution, M. Michel a parlé du leader de l'UDPS tacitement, sans le citer, à travers une question sur les négociations politiques afin d'inclure tout le monde dans le processus. « Je dis qu'il n'y aura pas de nouvelles négociations. Des négociations pour faire quoi ? Pour venir mettre en cause le calendrier électoral qui avance merveilleusement bien ? C'est suicidaire, je déconseillerai cela (...) Plutôt que de dire à longueur de journée "nous sommes les meilleurs, les plus représentatifs et tout", prouvez-le plutôt aux élections », a-t-il répondu. Pour LA REFERENCE PLUS, c'est « un coup de massue pour tous ceux qui ne veulent pas lire les signes de temps et surtout ceux qui revendiquent une certaine "souveraineté" de la RDC ». « Ne dit-on pas que la main qui donne, est toujours au dessus de celle qui reçoit », demande le quotidien.

« Est-ce que de tels individus méritent de venir se pavaner dans le pays en jouant sur la division de sa population pour mieux l'exploiter ? », s'interroge LE PHARE. « Le jour n'est plus loin où le gouverneur général du Congo et du Ruanda-Urundi aura la réponse la plus appropriée à sa suffisance », conclut-il.

Sous le titre « Loulou » veut imposer son projet de loi électoral aux parlementaires, le quotidien accuse : « Non seulement la Communauté internationale, par ses plénipotentiaires interposés, a imposé le "Oui" sous la menace et le chantage aux millions, en plus des ministres, envoyés spéciaux et ambassadeurs se comportent chez nous comme dans un territoire conquis, et surtout comme s'ils avaient affaire à des sous hommes. A titre d'illustration, les 400 millions d'euros de l'Union Européenne ont semblé suffisants pour justifier le langage injurieux d'un Armand De Decker et les propos haineux, humiliants et dans tous les cas inacceptables de Louis Michel, au lendemain du référendum ».

Louis Michel et De Decker humilient les Congolais, proteste à son tour LA TEMPETE DES TROPIQUES. Pour Louis Michel, indique le quotidien, « les Congolais doivent accepter la fraude massive constatée au cours du référendum constitutionnel qui vient de se tenir et se préparer à affronter de la même manière les désagréments des prochaines élections générales dont cette première consultation populaire est une préfiguration ». Quant au ministre belge de la Coopération, Armand De Decker, le journal lui reproche son intervention, jeudi, sur les antennes de la BBC : Il « s'est dit étonné qu'il y a une bonne partie de Congolais qui ont voté "Non" au projet de constitution (...) et qui ont boycotté le scrutin », les accusant d'être pour « le statut quo, la corruption » ; il aurait souhaité voir les Congolais approuver à 100% le projet. LA TEMPETE DES TROPIQUES va plus loin : « il est tout à fait normal que le peuple congolais dise "Non" au projet de constitution de l'Union européenne, mais il est anormal que le peuple congolais dise "non" à une Constitution qui brade sa souveraineté ». Le journal tempête : « Armand De Decker et l'Occident savent que le peuple a, dans sa majorité, rejeté le projet de constitution (...) Ils savent aussi que les résultats du référendum sont truqués. Ils sont tout simplement ébranlés par la prise de conscience de la majorité du peuple qui ne veut plus de l'impérialisme ».

Les journaux annoncent la libération, mercredi, du Pasteur Théodore Ngoy, arrêté lors d'une manifestation des partisans du "Non" au projet de constitution. Selon l'ONG de défense des droits de l'Homme, la Voix des Sans Voix (VSV), le président du parti Congo pour la Justice « a passé cinq jours dans des conditions infrahumaines sans être déféré devant une juridiction compétente », souligne LE POTENTIEL. « L'interrogatoire subi le premier jour par le président de C.Just, aurait reposé sur deux questions précises : "pourquoi appelez-vous les gens à voter non ? Quels sont vos arguments ? " », écrit le journal. La VSV recommande aux politiciens congolais « l'esprit de tolérance de manière à favoriser l'avènement d'un Etat de droit en RDC », rapporte-t-il.