Revue de presse du 20 janvier 2006

24 fév 2009

Revue de presse du 20 janvier 2006

La loi électorale, qui fait l'objet de débats au Parlement, et les attaques contre les troupes des Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) dans le Nord-Kivu par des hommes du général dissident Laurent Nkunda, constituent entres autres, les sujets qui font la Une de la presse kinoise parue ce vendredi.
« Le mode de scrutin proposé par la CEI (Commission Electorale Indépendante), à savoir la proportionnelle, a constitué le point d'achoppement entre les députés lors de la plénière de jeudi consacrée à l'examen du rapport de la commission Politique, Administrative et Juridique mixte des deux chambres sur l'examen de la loi électorale », écrit LE PHARE sous le titre La contestation s'installe au Palais du peuple.

A la demande d'un député, la séance a été retransmise en direct sur les antennes de la Radio Télévision Nationale Congolaise (RTNC), pour « ne plus tomber dans l'erreur commise lors de l'examen du projet de constitution que le peuple a voté sans en connaître le contenu », note le quotidien. Les interventions des députés ont ciblé plusieurs points liés notamment à l'organisation du scrutin et aux conditions d'éligibilité. Le journal cite, entre autres, la caution à payer par le candidat président de la République fixée à 22 millions de Francs congolais, soit 50.000 dollars américains, « une condition que certains intervenants ont qualifiée de privilège pour les détourneurs des deniers publics au détriment des candidats honnêtes vivant dans la pauvreté ; il faudra revoir ce montant à la baisse », ont proposé les députés. Mais le point le plus chaud a été celui lié au mode de scrutin choisi qui est la proportionnelle des listes, souligne LE PHARE. « Il était difficile de départager les partisans des listes bloquées et ceux des listes ouvertes. D'une manière générale, la majorité a penché pour les listes ouvertes, estimant que la population avait besoin de voter des individus et non des partis représentés par des listes électorales », écrit le journal.

Pour LE PALMARES, le Débat était houleux sur le projet de loi électorale. Les listes et la caution font couler la salive, titre LA REFERENCE PLUS. Les parlementaires ont rejeté la liste bloquée et zébrée, souligne L'OBSERVATEUR.

« Le RCD (Rassemblement Congolais pour la Démocratie) était le seul à avoir voulu défendre les listes bloquées », indique pour sa part L'AVENIR. Diverses raisons ont milité en faveur de ce rejet, indique le journal, notamment « le désir de s'adapter aux réalités congolaises ». En outre, poursuit le même quotidien, « les parlementaires ont été habités par le souci de faciliter le scrutin. Dans notre pays, on n'a pas une culture électorale. Il est donc plus facile d'élire des individus que d'expliquer le vote des listes ». A en croire le journal qui cite un député, les parlementaires ont subi des pressions extérieures. « Il faut reconnaître que le système des listes bloquées zébrées est proposé par la Communauté internationale », note L'AVENIR.

Dans sa rubrique Apostrophe et sous le titre Candidat président, LE POTENTIEL, propose une série de questions auxquelles devraient répondre les candidats à l'élection présidentielle, devant les caméras de télévision : « Quelle est, Monsieur le président, votre vision de la RDC d'ici à l'an 2010 ? A quelles améliorations peut s'attendre la jeunesse tant scolarisée que de la rue ? Quelles réalisations entendez-vous concrétiser, sous votre mandat, pour donner du sourire aux populations aussi bien urbaines que rurales ? (...) Combien de kilomètres de routes asphaltées comptez-vous construire ou réhabiliter ? Combien d'emplois avez-vous planifié de créer ? ». Le journal estime que « comme à tout test d'engagement, celui-ci révélera plus de cancres que de génies. Plus de farceurs que d'hommes "vertébrés" ». Ce test permettrait, pense le quotidien, « de disqualifier les candidats "pour distraire", et dissuader en outre les candidats "liquides" de plonger dans leurs réserves mal acquises dans le but de corrompre une population paupérisée à souhait par des dirigeants prédateurs ». LE POTENTIEL rappelle la liste officieuse des candidats : Jean-Pierre Bemba, Azarias Ruberwa, Nzanga Mobutu, J.O. Ngalamulume, Théodore Ngoy, Pierre Pay Pay, Gérard Kamanda, Katebe Katoto, Etienne Tshisekedi et Joseph Kabila. « La liste n'est pas close. Elle alignera des gars présidentiables, pétris de référence. Mais aussi des rigolos », écrit le quotidien. Certains candidats réunissent des atouts pour concourir, mais « d'autres viennent se faire voir, le temps d'un discours à la télévision publique. D'autres encore, sans relief politique, escomptent jouer les trouble-fêtes, quitte à monnayer des alliances stratégiques, pour leur survie politique », ironise le journal.

Laurent Nkundabatware inquiète, titre par ailleurs la même parution en manchette. Des hommes armés ont attaqué le mercredi 18 janvier 2006, une position des FARDC à Runyonyi, une localité située à environ 85 km au nord de Goma, dans le Nord-Kivu, rapporte LE POTENTIEL qui cite le colonel Jean-Marie She Kasikila, commandant de la 5e brigade des FARDC basée dans le Rutshuru, et diverses agences de presse et radios internationales. « Nous venons d'être attaqués par des soldats à la solde de l'ex-général Laurent Nkundabatware, appuyés par des militaires du 63e bataillon de l'Armée Patriotique Rwandaise (APR) », a déclaré le colonel Kasikila.

Laurent Nkunda avait occupé brièvement, en juin 2004, la ville de Bukavu au Sud-Kivu, « prétextant voler au secours des membres de sa communauté, " menacés" par Kinshasa », rappelle LA TEMPETE DES TROPIQUES. « Condamné par la justice militaire, radié de l'armée puis placé sous le coup d'un mandat d'arrêt international, Laurent Nkundabatware, ce tutsi congolais activiste du RCD, n'a pas jugé utile de se fondre dans la masse. Depuis une année, il s'est retiré avec armes et troupes dans le Masisi au Nord-Kivu, d'où il menace à maintes reprises de renverser le pouvoir de Kinshasa », écrit LE POTENTIEL. « La MONUC observe sans le voir. Kigali le fournit en armes, tout en feignant d'ignorer son obsession. Kinshasa semble dormir d'un sommeil de juste devant la menace. D'où l'inquiétude gagne le peuple, à la veille des élections », poursuit le quotidien. Il critique la Mission onusienne en RDC qui, selon lui, « au lieu de parachever l'oeuvre commencée, avec plus de détermination », « se félicite d'avoir déjà rapatrié dans le cadre de son programme de désarmement, démobilisation, rapatriement, réinstallation et réinsertion (DDRRR) 12.704 ex-combattants étrangers et leurs familles (dont 8.305 Rwandais) ». La MONUC a le devoir de sécuriser les élections prévues dès avril 2006, rappelle le journal. LE POTENTIEL rappelle aussi le succès des missions combinées MONUC-FARDC contre les poches de résistance en Ituri. « Mais leur effet semble limité dans le temps et dans l'espace. D'où la récidive des seigneurs de guerre qui pillent, violent, tuent et insécurisent les populations locales », déplore cette Le journal qui poursuit : les Congolais « sont choqués de constater que la MONUC, bien que disposant des équipements aériens, terrestres et lacustres indispensables à sa localisation et à sa capture, joue au Ponce Pilate chaque fois qu'elle doit justifier sa non collaboration à cet égard ».

Le même quotidien préconise, pour remédier à la situation, que la MONUC appuie les FARDC pour « mettre hors d'état de nuire, non seulement les combattants étrangers (rwandais, ougandais et burundais), mais aussi le hors-la-loi Nkundabatware ». Il appelle Kinshasa, le Comité International d'Accompagnement de la Transition (CIAT), le Conseil de Sécurité, l'Union Africaine à réagir pour éviter que le Kivu ne devienne un « second Srebrenica ».

Dans sa rubrique A haute voix, LE POTENTIEL parle des Œillères onusiennes et dénonce « des préjugés et une certaine complicité » prévalant « dans le chef de certains partenaires ». Kanyabayonga et d'autres zones ont vécu, « sous la barbe » de la MONUC, des drames qu'elle n'a pas vus. « Aujourd'hui (...) des coups ont été portés. Mais la MONUC n'a rien vu », écrit l'éditorialiste du journal. « Cela frise la complicité, estime-t-il. Il ne faudra pas oublier de si tôt sa réaction (...) lors de l'occupation de Bukavu par le même officier déchu ». Le quotidien rappelle aussi les derniers événements survenus en Côte d'Ivoire : « Abidjan a failli flamber à cause de certaines ambiguïtés onusiennes ». Pour LE POTENTIEL, « il est temps que la MONUC, qui a sa place dans le dispositif de normalisation congolais, se dépouille de ses œillères pour aider à asseoir une paix définitive dans le pays. (...) Alors, la mission de l'ONU aura joué avec succès le rôle justifiant sa présence sur le sol congolais ». Sinon, prévient le journal, « après la colère des Ethiopiens et des Ivoiriens, ce sera alors le tour des Congolais ».