Revue de presse du 20 juillet 2004

20 fév 2009

Revue de presse du 20 juillet 2004

Le récent rapport des experts de l'ONU sur la violation de l'embargo sur les armes dans la région des Grands Lacs, « l'affaire Antoine Ghonda » (ministre des Affaires étrangères) qui serait menacé de quitter son poste au sein du Gouvernement, la crise au sein du Rassemblement Congolais pour la Démocratie (RCD/Goma) et la question de la nationalité constituent les principaux sujets de l'actualité vue par la presse kinoise de ce mardi.
Les dirigeants congolais sont dans le collimateur du journal LE PHARE qui, revenant sur le rapport des experts onusiens de l'embargo sur les armes dans les Grands Lacs, accuse à la Une : Transition : les dirigeants congolais n'ont pas la volonté de stopper la crise. Ce rapport, rappelle le quotidien, pointe du doigt, non seulement le Rwanda et l'Ouganda, mais aussi le Gouvernement ainsi que le leader du Mouvement de Libération du Congo (MLC) et Vice-président de la République, Jean-Pierre Bemba. Tous seraient des acteurs « du trafic des armes qui surabondent dans l'Est de la RDC, alimentant la crise dans le pays et l'instabilité dans les Grands Lacs ». Le journal estime que les dirigeants congolais « cités dans des activités mises hors la loi par la Communauté internationale » donnent l'impression « d'avoir un intérêt personnel dans la violation de l'embargo ». Il se demande si, pour les experts de l'ONU, les dirigeants cités ont réellement intérêt à ce que s'arrête une crise qui leur permet un « business aussi juteux ». Pour conclure, LE PHARE ne s'empêche pas d'avoir une « pensée pieuse » pour un autre rapport tout aussi accablant : « celui de l'équipe Kassem sur le pillage des ressources de la RDC, aujourd'hui enfoui dans quelque tiroir poussiéreux au Palais de verre ».

Sur un autre registre, LA REFERENCE PLUS titre : Antoine Ghonda sur des feux ardents. Le ministre congolais des Affaires Etrangères serait menacé d'éjection du fauteuil qu'il occupe au sein du Gouvernement de transition, indique le journal. M. Ghonda a regagné Kinshasa lundi, après une « mission fructueuse » qui l'a conduit à Addis-Abeba où il a représenté le Président congolais au sommet de l'Union Africaine, à Bruxelles où il a pris part à la réunion pour la relance de la Communauté Economique des Pays des Grands Lacs (CEPGL) ; et aux Etats-Unis où il a sollicité une aide pour permettre à la RDC de recouvrer la paix. Ce retour s'effectue après la retouche de l'équipe gouvernementale et au moment où « beaucoup de choses se racontent sur lui », note le quotidien. Jean-Pierre Bemba, leader du MLC, d'où est issu le chef de la diplomatie congolaise, lui reprocherait, selon « certaines indiscrétions » citées par le journal, de s'être diamétralement opposé aux points de vue du président ougandais, Yoweri Museveni, lors du sommet de l'Union Africaine. Ce dernier « entretiendrait un partenariat important » avec M. Bemba, souligne le journal qui précise que l'attitude de M. Ghonda serait considérée comme « une grave trahison ».

LE PALMARES révèle les six vrais-faux griefs de Museveni. Antoine Ghonda est accusé d'avoir facilité « le réarmement moral » du président congolais Joseph Kabila, lors de la tentative de coup d'état d'Eric Lenge, par ses déclarations « trop matinales sur les antennes d'une radio périphérique ». Le journal se demande si « Museveni et ses comparses » ne souhaitaient pas endiguer le processus de transition en conduisant Eric Lenge au triomphe. Il est reproché aussi à M. Ghonda de « s'être joint à la marche des étudiants » de juin dernier. « N'était-ce pas son droit en tant que patriote récusant la cascade d'humiliations auxquelles son pays est soumis » ' s'interroge le quotidien. Toujours selon le journal, M. Ghonda est aussi accusé d'être allé à Bukavu, en juin dernier, pour négocier la reddition de « Mutebutsi et consorts » alors que « ce n'était pas dans ses attributions (...), d'avoir fait capoter un projet ultra-secret piloté par le Rwanda et l'Ouganda, qui consistait à mettre en sourdine l'Accord global et inclusif et à remettre en selle l'Accord de Lusaka, question de permettre à ces deux pays d'être incontournables sur tout ce qui touche notre pays ('), d'avoir fait capoter un autre plan de ces deux pays consistant à inscrire la question de nationalité en RDC dans l'ordre du jour du dernier sommet de l'Union Africaine, comme si la nationalité n'était pas un problème interne relevant de notre souveraineté », écrit LE PALMARES qui poursuit: Antoine Ghonda est accusé « d'avoir 'uvré pour l'éloignement de l'Ouganda de la Commission de Vérification conjointe mise en place lors de la dernière rencontre Kabila-Kagame à Abuja ».

LA REFERENCE PLUS annonce qu'un décret prévoyant le départ de M. Ghonda du ministère des Affaires Etrangères serait déjà sur la table du Chef de l'Etat congolais. « Un bémol arraché sous-pression : le permuter aux Sports ou à l'Agriculture », souligne LE PALMARES.

Une autre composante en ébullition, le RCD/Goma. Bizima et Cie en colère contre Ruberwa , titre LA TEMPETE DES TROPIQUES qui revient sur le repli à Goma de huit ex-représentants du RCD au Parlement. Le journal souligne que les huit ex-parlementaires contestent leur remplacement au sein du Législatif qu'ils jugent « non conforme aux textes régissant la chambre basse du Parlement » et qu'ils qualifient de « désordre inacceptable ». Ils promettent une « réaction musclée ». FORUM DES AS rappelle que la décision de remplacer ces députés et sénateurs a été prise dimanche par le collège des fondateurs du RCD/Goma, dirigé par le Vice-président Azarias Ruberwa. « La confrontation est engagée entre les huit députés frondeurs du RCD et le collège des fondateurs », note LA REFERENCE PLUS. Les huit accusent Azarias Ruberwa « de ne pas défendre suffisamment les options politiques de l'ex-rébellion et la cause des siens ». Ils digèrent mal, toujours selon ce quotidien, son refus de démissionner des institutions de la Transition comme le préconisait une décision de sa communauté et son désaveu vis-à-vis des militaires insurgés de Bukavu. Ces dissensions fragilisent chaque jour un peu plus le RCD, conclut le journal.

Sur place à Goma, LE PHARE fait état de tirs entendus dans plusieurs quartiers de la ville dans la nuit du dimanche à lundi, provoquant la panique au sein des populations. Selon le maire de Goma, Xavier Nzabara Matsetsa, cité par le journal, il s'agissait d'une opération visant à traquer les hors-la-loi dans divers quartiers.

Le même quotidien, comme LE POTENTIEL, L'AVENIR et La REFERENCE PLUS, rend compte de la réunion extraordinaire du Conseil des ministres tenue lundi à Kinshasa en vue de traiter la question de la nationalité. Le projet de loi adopté par les membres du Gouvernement et transmis pour discussions aux deux chambres du Parlement présente « deux options dans le strict respect de la Constitution (') à savoir : la nationalité d'origine et la nationalité par acquisition », souligne LA REFERENCE PLUS.