Revue de presse du 21 juillet 2004

20 fév 2009

Revue de presse du 21 juillet 2004

La presse kinoise annonce ce mercredi la reprise des combats à l'Est de la RDC et fait état de la fuite des populations civiles. Elle évoque aussi la rencontre hier entre le Chef d'état-major général des FARDC, le Général Kisempia, et le Vice-président de la République, Azarias Ruberwa. Elle revient également sur les dissensions au sein du Rassemblement Congolais pour la Démocratie (RCD/Goma), la question de nationalité discutée au Parlement et « l'affaire Antoine Ghonda » (ministre des Affaires étrangères) qui serait menacé de quitter son poste au sein du Gouvernement et qui a reçu hier le soutien des étudiants.
Des centaines de civils fuient la ville de Goma, craignant une reprise de combats entre les forces gouvernementales et les rebelles, annonce LE PALMARES qui parle de Sauve-qui-peut dans la ville de Goma et fait état de ferries surchargés au départ du chef-lieu du Nord-Kivu, où la tension monte depuis des semaines. « Normalement, il y a 100 passagers par bateau. Mais depuis lundi, ils sont plus de 200 sur chaque ferry. Les gens ont peur », écrit le journal, citant un responsable du port de Goma.

« De nouveaux combats ont eu lieu dans l'est de la République Démocratique du Congo. Des tirs d'armes à feu ont été entendus à Kalehe, à 40 km au nord de Bukavu », annonce de son côté L'OBSERVATEUR. Le journal qui cite l'agence MISNA, souligne que les affrontements opposeraient les troupes régulières aux militaires insurgés du général Laurent Nkunda « qui a été rejoint par le colonel Mutebutsi qui s'était réfugié au Rwanda au lendemain de la prise de Bukavu par les éléments de l'armée régulière ». Le quotidien précise que les combats surviennent après les visites effectuées à Minova par une délégation de la MONUC et par le gouverneur de la province du Sud-Kivu, M. Bulaimu, au cours desquelles Laurent Nkunda Batware avait annoncé à ses interlocuteurs « sa volonté de respecter la trêve après les événements malheureux de Bukavu ». Les combats interviennent aussi au lendemain du schisme au sein du RCD/Goma « avec la défenestration de huit de ses membres du courant rwandophone (') qui s'étaient réfugiés à Goma », indique le journal. A Kinshasa, on ne s'agite pas, note L'OBSERVATEUR qui rapporte la rencontre, mardi, entre le Vice-président chargé de la commission Politique, Défense et Sécurité, Azarias Ruberwa, et le Chef d'état-major général des Forces Armées de la RDC, le Général Kisempia Sumbi Langa. Au menu : l'opération de brassage des troupes « qui se poursuit et qui serait d'une grande complexité », précise le quotidien. Ce tête-à-tête Ruberwa-Kisempia survient à la veille de la rencontre des chefs de région militaires convoquée à Kinshasa par la haute hiérarchie de l'armée. « Aux dernières nouvelles, tous les chefs de région militaire ont répondu présents, sauf le commandant de la 8e région militaire basé à Goma dans le Nord-Kivu, le général Obedi », souligne le journal qui s'interroge : « Son absence s'expliquerait-elle par la situation préoccupante qui prévaut à l'Est ' ».

« Nouveau grain de sable dans le processus de transition ou malentendu ' », se demande à son tour LE PHARE qui titre : L'absence du général Obedi Rubasira pose problème. Ce quotidien estime que cette situation arrive à un mauvais moment car « ce malentendu ou ce grain de sable survient tout juste lorsque tous les regards sont tournés vers le début annoncé du dénouement pacifique de l'aventure ignoble du général dissident Laurent Nkunda Batware ». Comme L'OBSERVATEUR, le journal déplore la coïncidence de cette absence avec les dissensions au sein du RCD/Goma. Cependant, LE PHARE se veut plus rassurant, comme le Chef d'état-major des FARDC. Il rapporte, cependant, les explications fournies par ce dernier au sujet de l'absence du général Obedi : « le général Kisempia a déclaré que le Commandant de la 8e région militaire du Nord-Kivu a connu des empêchements de dernière minute qui ne lui ont pas permis de venir au siège des institutions de la République, mais qu'il sera dans le deuxième groupe qui arrive bientôt pour recevoir les directives de la hiérarchie militaire, avant la tournée que le Chef d'état-major général compte effectuer à travers tout le pays ». LE PHARE précise que seuls cinq des dix commandants de régions militaires ont déjà fait le déplacement de la capitale.

Kisempia : « Pas d'élection sans une nouvelle armée », titre pour sa part LA REFERENCE PLUS, citant le numéro un des FARDC : « Sans une nouvelle armée nationale restructurée et intégrée, il n'y aura pas d'élection. Cette nouvelle armée doit être présente non seulement à Kinshasa, mais aussi à Bukavu, à Bunia, à Gbadolite et sur l'ensemble du territoire national ». A la tête de l'armée depuis un mois et demi, souligne ce quotidien, le général Kisempia dit vouloir accélérer la mise en 'uvre du programme de formation de la nouvelle armée, « qui constitue, à ses yeux, une des conditions essentielles pour la tenue des prochaines élections ». Le journal, qui cite toujours le général Kisempia, précise que c'est justement dans ce cadre que s'inscrit la rencontre avec les commandants des régions militaires invités à Kinshasa.

Le même journal rend compte de la conférence de presse tenue mardi à Goma par les huit ex-députés frondeurs du RCD. Bizima Karaha et Cie nient être en intelligence avec Laurent Nkunda, titre encore LA REFERENCE PLUS. Ils ont déclaré « nulle et de nul effet » la décision prise par le collège des fondateurs du RCD/Goma de les remplacer au sein du Parlement, mais disent être toujours membres du RCD et renouvellent leur soutien aux institutions de la Transition, rapporte ce quotidien.

Entre temps, au Parlement, les députés et sénateurs discutent sur le projet de loi sur la nationalité adopté lundi par le Gouvernement, indique LE PHARE. « Chacun peut constater que le débat sur les Banyamulenge s'est davantage clarifié. En effet, la notion d'apatride retenue par le Conseil des ministres de lundi 19 juillet 2004 apporte un éclairage nouveau dans un dossier où les passions ont souvent pris le pas sur le droit et les réalités politiques », écrit ce journal. Pour LA TEMPETE DES TROPIQUES, la loi sur la nationalité a des chances de passer sans problème au Parlement.

La presse kinoise revient également sur « l'affaire Antoine Ghonda », le ministre congolais des Affaires étrangères qui serait menacé de quitter son poste au sein du Gouvernement à cause de quelques divergences de vues avec la composante dont il est issu, le Mouvement de Libération du Congo (MLC), dirigé par le Vice-président Jean-Pierre Bemba. A travers une manifestation hier au ministère des Affaires étrangères, les étudiants réclament le maintien de Ghonda, titre FORUM DES AS. Les étudiants ont exprimé leur soutien à Antoine Ghonda, renchérit L'OBSERVATEUR. Des étudiants félicitent Ghonda pour le travail abattu à Addis 'Abeba, note LE PHARE. « Les visages crispés, ils étaient à peu près 100 à manifester bruyamment hier », écrit de son côté LE PALMARES. « Je ne suis pas né ministre. Si ceux qui m'ont confié cette charge décident de me la retirer, je m'inclinerai », rapporte ce journal qui cite le chef de la diplomatie congolaise. « Ce fair-play, les étudiants n'en veulent pas justement car ils estiment qu'il ne peut quitter le Gouvernement que s'il trahit les intérêts du pays ou en cas d'incompétence avérée et non par la volonté d'un pays étranger comme l'Ouganda », rapporte le quotidien. Les étudiants promettent de descendre dans la rue si Ghonda est limogé, indique à la Une LA REFERENCE PLUS. Pour LE PALMARES, la manifestation estudiantine d'hier « est un signal fort adressé à Jean-Pierre Bemba ».

Sur un autre registre, LE PHARE indique en première page que dans une lettre adressée au Conseil de Sécurité de l'ONU, Human Rights Watch demande un mandat plus renforcé pour la MONUC dont le mandat actuel arrive à échéance à la fin du mois de juillet. « Ce mandat renforcé devrait permettre à la Mission d'assurer une meilleure protection des populations civiles, de neutraliser les seigneurs de guerre qui continuent de défier l'autorité du Gouvernement de transition, de mettre fin à l'impunité dont se rendent coupables certains officiers et chefs militaires en les déférant devant les tribunaux », écrit le journal.