Revue de presse du 22 juillet 2004

20 fév 2009

Revue de presse du 22 juillet 2004

La situation précaire qui prévaut dans les provinces des Kivu constitue la principale manchette de la presse kinoise de ce jeudi, qui rend compte de la conférence de presse hebdomadaire de la MONUC. Les journaux évoquent également la question du limogeage imminent du ministre congolais des Affaires Etrangères, Antoine Ghonda.
« Ces derniers jours, des centaines de civils fuient le chef-lieu du Nord-Kivu craignant une reprise des combats entre forces gouvernementales et rebelles », indique LE PALMARES. Sous le titre : Des tracts annonçant un génocide, vident Goma de ses habitants, le journal, citant des sources sûres, précise que les populations martyres ont pris la direction de Bukavu et Butembo. « Un minibus qui tentait d'évacuer des déplacés de Butembo a malheureusement fait un tonneau, causant la mort d'une personne et blessant gravement 28 passagers », déplore le quotidien. Il signale l'arrivée à Butembo, lundi, à bord de deux camionnettes, des premiers déplacés de Goma. « D'après leur témoignage, les commerçants et intellectuels non rwandophones ont été parmi les premiers à fuir Goma car sur les listes affichées aux coins des rues, leurs noms figuraient parmi les premiers devant êtres abattus », rapporte le journal. Le quotidien fait état de tracts « de l'armée rwandaise » annonçant la tuerie « des Nande, des Shi, des Tembo, des Nyanga, vers qui un ultimatum a été lancé ». Il évoque aussi la lapidation, par les habitants du quartier Mabanga à Goma, d'« un Rwandais portant des armes et un uniforme dans la nuit de mardi », qui avait tenté de cambrioler le domicile d'une infirmière avec deux de ses complices. « Comme quoi, nos compatriotes de l'Est vivent encore dans la tourmente de l'insécurité », conclut LE PALMARES.

La MONUC contre toute tentative de déstabilisation du Kivu, titre en première page LA TEMPETE DES TROPIQUES, qui rend compte de la conférence de presse hebdomadaire de la Mission. Au cours de cette conférence, le Porte-parole militaire de la MONUC, le Commandant Abou Thiam, a fustigé les rumeurs véhiculées au sein de l'opinion congolaise faisant état d'une nouvelle guerre à Goma et/ou à Bukavu, note ce quotidien. « De grâce, arrêtons les rumeurs ! », s'est-il exclamé avant d'ajouter : « la population du Kivu a le droit de vivre en paix ». Les rumeurs de nouveaux affrontements sont de nature à décourager ces citoyens congolais qui ont plutôt besoin d'un réconfort moral, souligne le journal qui cite encore les propos du Porte-parole militaire. « Le Commandant Thiam avait averti, lors du point de presse de la MONUC tenu mercredi 14 juillet 2004, que la Mission onusienne userait de moyens militaires dont elle dispose pour contrecarrer toute nouvelle attaque qui surgirait », rappelle le quotidien.

La situation est calme à Goma, titre en Une L'OBSERVATEUR, qui cite le Porte-parole de la MONUC, Hamadoun Touré. La MONUC confirme le calme dans le territoire de Kalehe, souligne L'AVENIR tandis que LA REFERENCE PLUS et LE PALMARES parlent de « situation tendue à Goma », mais annoncent le retour au calme dans le district de l'Ituri où les derniers combats entre milices rivales qui se disputaient une mine d'or, ont fait 48 morts.

LE PALMARES évoque les « maladresses » au sein de l'Exécutif congolais et dénonce : Encore un scandale : Voici comment le Gouvernement s'est rabaissé devant le mutin Laurent Nkunda. Il cite un ambassadeur interrogé par un journaliste d'une télévision privée à Kinshasa, qui, scandalisé, n'a pas manqué d'exprimer son dépit en des termes voilés « parce qu'en proie à la retenue diplomatique ». Le journal déplore le déplacement jusqu'à Minova, des gouverneurs du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, agissant au nom du Gouvernement, pour y rencontrer le général dissident Laurent Nkunda. Selon le quotidien, il s'agit tout simplement d'une « violation de la Constitution qui dispose que nul n'a le droit de conquérir le pouvoir par les armes », et d'une faute protocolaire, puisque l'autorité civile a préséance sur l'autorité militaire. « En allant rendre des honneurs au dieu de Minova, les deux responsables territoriaux ont trahi leurs fonctions. D'où l'urgence de leur démission », estime le journal.

Dans un autre article, le même quotidien déplore aussi le calvaire des habitants de Minova, « sous la loi du général Nkunda ». A en croire le journal, l'effort de guerre se paie par mois, en dollar : un dollar pour les sans-emplois, 5 dollars pour les opérateurs économiques et 20 dollars pour les exploitants miniers. « Les insolvables sont bastonnés sur la place publique ». Le journal va plus loin et évoque le viol, par les militaires, des épouses des récalcitrants en leur présence. Il signale également la situation des habitants qui vont dormir dans les villages environnants, des pêcheurs qui passent la nuit dans les barques avec leurs membres de famille, prêts à appareiller au moindre coup de feu. Les habitants de Minova ne savent plus à quel saint se vouer, ils ont les yeux rivés sur Kinshasa, attendant les détails de la mise hors d'état de nuire « de ce sinistre général », conclut le journal.

Affaire Ghonda : Jean-Pierre Bemba va-t-il franchir le Rubicon ' s'interroge LA TEMPETE DES TROPIQUES qui revient sur le remplacement envisagé du ministre congolais des Affaires Etrangères en désaccord avec le chef de sa composante, le Mouvement de Libération du Congo (MLC). FORUM DES AS semble trouver une réponse à cette question et annonce en première page : « Sauf changement de dernière minute », le MLC tranche le « cas Ghonda » ce jeudi. LE PHARE titre Jean-Pierre Bemba liquide Antoine Ghonda et précise : « le leader du MLC ayant confirmé sa demande de limogeage du ministre des Affaires Etrangères, le décret sera publié aujourd'hui ». Le journal rapporte le point de presse tenu par Désiré Mbonzi wa Mbonzi, président de « Dynamique Horizon Baïmoto », une structure spécialisée du MLC, « considérée par beaucoup comme la voix de son maître ». Choqué par « l'exploitation médiatique et politicienne » faite autour de cette affaire, il a accusé Antoine Ghonda de l'instrumentaliser à des fins personnelles et au détriment du MLC qui l'a mandaté au Gouvernement. L'OBSERVATEUR soutient M. Ghonda. Il stigmatise la demande de limogeage du ministre faite par le Président ougandais, Yoweri Museveni, allié du MLC, qui n'a pas apprécié que le chef de la diplomatie congolaise, défende à ses dépens, les intérêts de son pays au dernier sommet de l'Union Africaine d'Addis-Abeba. « Notre pays est-il condamné à subir sans fin le sort décidé et lui imposé par ses voisins, son tort étant d'être perturbé par une crise provoquée par eux justement ' », s'interroge le quotidien. « Le courage du ministre Ghonda mérite d'être salué », souligne-t-il.

Au sujet de la question de la nationalité discutée au Parlement, L'AVENIR publie une interview de l'ancien chef de la diplomatie congolaise et actuellement ambassadeur itinérant du Chef de l'Etat congolais, Léonard She Okitundu. Celui-ci juge la nationalité exclusive, « pas conforme à l'évolution du monde actuel » et souhaite que les repères de la nationalité congolaise commencent en 1960. Pour lui, les Banyamulenge devraient prétendre à la nationalité « de jure », et donc remplir les conditions requises par la loi.