Revue de presse du 25 janvier 2006

24 fév 2009

Revue de presse du 25 janvier 2006

La presse parue ce mercredi à Kinshasa revient sur la mort des huit Casques bleus guatémaltèques et les événements de Rutshuru. Elle planche également sur l'examen du projet de loi électorale au parlement.
« A trois mois des élections prévues sur l'ensemble du territoire national, l'Est de la République Démocratique du Congo est loin de retrouver la paix. La dernière illustration en date vient du parc de la Garamba où huit Casques bleus de la Mission de l'ONU en RDC (MONUC), tous originaires du Guatemala, ont trouvé la mort, le lundi 23 janvier 2006, suite à une attaque menée par des miliciens lourdement armés », écrit LA TEMPETE DES TROPIQUES. L'attaque meurtrière serait « l'œuvre d'un groupe bien structuré et suffisamment équipé, si l'on en juge par le nombre de victimes enregistrées par la MONUC et la violence des combats », souligne cette parution qui titre Le trafic d'armes persiste en RDC malgré l'embargo ! La persistance des factions armées à l'Est de la RDC et l'attaque qui vient de coûter la vie aux huit éléments guatémaltèques sont, selon le journal, « la preuve que le trafic d'armes continue le long de la frontière Est de la RDC, malgré l'embargo décrété par le Conseil de Sécurité de l'ONU sur ledit trafic ». Ce constat, estime le quotidien, confirme « la complicité des autorités ougandaises et rwandaises » dans l'insécurité qui règne au Kivu et dans la Province Orientale.

Le Guatemala s'est dit consterné après la mort de ses huit ressortissants, titre encore le journal. « Nous regrettons la mort de nos frères guatémaltèques mais les autres éléments qui sont au Congo vont continuer leur mission », a déclaré le président du Guatemala, cité par le quotidien. Le Secrétaire Général de l'ONU, Kofi Annan, condamne le meurtre des huit Casques bleus, ainsi que les Etats-Unis et la Belgique, indique-t-il. « Le Congo a trop longtemps souffert des débordements des conflits des pays voisins sur son propre territoire », a déploré le ministre belge des Affaires étrangères, Karel De Gucht que cite LA TEMPETE DES TROPIQUES.

Dans son éditorial, LE POTENTIEL rend Hommage aux Guatémaltèques, « "ces gardiens de la paix", (...) fauchés tout jeunes ». Pour cette parution, « il ne faudra pas que ce soit là des morts de plus d'un feuilleton sanglant qui n'en finit pas. (...) Les responsabilités doivent être partagées ». Le journal appelle en premier les Congolais à « mettre fin à la bêtise de la discussion et de l'exclusion afin de bâtir ensemble, dans la paix retrouvée, un pays prospère ». Il demande à la Communauté internationale d'« aider les Congolais à chasser l'insécurité et à rétablir la paix durable et un climat qui favorise à la tenue des élections ». Enfin, il appelle les voisins immédiats de la RDC à « l'aider à se retremper dans une atmosphère de paix ». Pour le quotidien, « un comportement correct et non hypocrite » de toutes ces parties consolidera la paix et ce serait « la manière la plus éloquente de rendre hommage aux victimes innocentes, aux "soldats inconnus" de la paix ».

Sous le titre Situation à l'Est : nécessité de la transparence, le même journal revient sur les récents affrontements de Rutshuru entre les éléments des Forces Armées de la RDC (FARDC) et « des éléments armés non identifiés ». Le journal note « des contradictions dans les communiqués officiels rendus publics en rapport avec ce qui s'est réellement passé à Rutshuru et ses environs ». Selon la déclaration rendue publique le week-end dernier à Goma, souligne LE POTENTIEL, le commandant de la 8e région militaire devait, depuis le 21 janvier 2006, réorganiser ses troupes, les positionner pour sécuriser la population locale et « enrayer toute progression des assaillants », et prendre des mesures draconiennes contre les fauteurs de troubles qui profiteraient de la situation pour piller, agresser ou démoraliser la population civile. « Le comité provincial de sécurité du Nord-Kivu dit avoir constaté que des "éléments incontrôlés et non encore identifiés" ont pris le contrôle de quelques cités, après en avoir délogé les unités FARDC de la 5e brigade intégrée qui y étaient positionnées », écrit le quotidien. Il est reproché au commandant de cette 5e brigade, le colonel Kasikila, issu des Maï-Maï, « d'avoir battu en retraite vers Kanyabayonga et semé la panique sur son passage. Aussi devrait-il attendre de la haute hiérarchie des mesures disciplinaires », rapporte encore le journal qui s'étonne que nulle part le nom du général déchu Laurent Nkunda, « qui a fait le tour des rédactions internationales et nationales », n'ait été mentionné dans le communiqué du comité de sécurité du Nord-Kivu. « Est-ce une manière de démentir la présence ou l'implication directe ou indirecte de l'ex-officier général des FARDC dans ce qui se passe à Rutshuru et ses environs ? », s'interroge le quotidien. Il rapporte aussi le communiqué rendu public, le 24 janvier 2006, par l'état-major des FARDC : « la situation qui prévaut dans les environs de Rutshuru n'est pas une attaque contre notre pays. (...) Pour preuve, l'état-major des FARDC n'a enregistré ni mort ni blessé ». Le même communiqué parle aussi de « mutinerie perpétrée par des militaires déserteurs qui se livrent au pillage et à diverses exactions de la population ». Ces deux communiqués, estime LE POTENTIEL, ne convergent pas totalement sur le fond, « de même que leurs libellés respectifs ne rencontrent pas sur toute la ligne, la relation des faits rendue publique par la MONUC ainsi que les témoignages recueillis sur place ».

Pour L'AVENIR, « c'est la confusion totale ». Il s'interroge sur l'identité des mutins, ce qu'ils sont devenus. « S'il n'y a aucune mesure prise contre ces prétendus mutins, c'est qu'il y a complaisance », écrit le journal qui pointe du doigt « certains dirigeants politiques, ceux qui ont la charge de la Défense et la Sécurité ». La responsabilité du Rassemblement Congolais pour la Démocratie (RCD) est engagée, écrit le quotidien en première page. Il pointe du doigt les dirigeants de ce parti et se dit surpris de voir que les mutineries, refus de brassage, défection, reprise de la guerre, prise surprise des villes n'aient « comme théâtre que le territoire jadis sous le contrôle de ce mouvement politique », là où « les pouvoirs publics n'ont pas mainmise sur les rouages de l'Etat ». Selon le journal, « le mal à l'Est de la RDC, c'est le RCD ».

L'AVENIR s'étonne par ailleurs que le commandant de la 5e brigade intégrée qui a été le premier à parler d'attaque et non de mutinerie, n'ait « pas pu se rendre compte que ceux qui l'attaquaient sortaient des rangs de ses hommes ». LE PHARE pense qu'« en RDC, il existe une armée dans l'armée » et indique que « le sort du colonel Kasikila est de plus en plus indécis. (...) Nos meilleurs soldats seront toujours sacrifiés sur les plateaux de l'Est volcanique ». Il rappelle les cas des généraux Nabiola et Mbuza Mabe.

Au plan politique, LE POTENTIEL annonce une plénière « explosive » au sujet du projet de loi électorale sur lequel doit se prononcer, ce vendredi, le parlement, qui serait pour l'option des listes ouvertes. Les institutions de la transition seraient en train de subir des pressions de toutes parts, fait savoir ce quotidien. « D'aucuns parlent de l'épée de Damoclès suspendue sur le processus électoral si jamais la proposition des "listes bloquées" était rejetée » et l'on imagine déjà une voie intermédiaire, celle des « listes semi-ouvertes », souligne le journal Par ailleurs, Le parlement veut exclure les candidats présidents non résidents, annonce L'OBSERVATEUR à la Une. Ce serait, selon des parlementaires, cités par cette parution, « pour barrer la route aux opportunistes et autres aventuriers » et à ceux qui sont « déconnectés des réalités du pays ».

Un Antonov affrété par la MONUC prend feu à son atterrissage à Mbuji-Mayi, fait savoir LE PHARE. Heureusement, souligne ce quotidien, il n'y a pas eu de pertes en vies humaines.