Revue de presse du 26 janvier 2006

24 fév 2009

Revue de presse du 26 janvier 2006

La mort des huit Casques bleus de la MONUC tués dans le parc de la Garamba continue de faire couler beaucoup d'encre dans la presse kinoise parue ce jeudi à Kinshasa. Les journaux font également un bilan des cinq ans de pouvoir du président congolais, Joseph Kabila.
« Ce jeudi à 11h, au quartier général de la MONUC à Kinshasa, des honneurs militaires vont être rendus aux huit Casques bleus du Guatemala tués lors d'une mission de reconnaissance au parc national de la Garamba », annonce LE PHARE qui rend compte de la conférence de presse hebdomadaire de la Mission onusienne tenue mercredi à Kinshasa. Selon le porte-parole militaire de la MONUC, le lieutenant-colonel Frédéric Médard, cité par le journal, « la mort des huit Casques bleus est un nouvel épisode tragique pour la MONUC. Ces soldats de la paix avaient pour mission de patrouiller à la recherche d'une éventuelle présence au parc de la Garamba, d'éléments armés ougandais de l'Armée de Résistance du Seigneur (LRA) ». Ceux qui ont attaqué les Casques bleus guatémaltèques « ont subi des pertes importantes : (...) quinze corps ont été découverts sur le terrain », a souligné le lieutenant-colonel Médard.

Pour LE PHARE, l'affaire des Casques bleus de l'ONU tués dans le parc de la Garamba, c'est Encore un fiasco signé MONUC ! Le journal reproduit un article du quotidien français LE MONDE ainsi qu'un autre du service de presse des Nations Unies sur les tristes événements de la Garamba, citant une note confidentielle des Nations Unies. Les éléments guatémaltèques pensaient capturer le commandant adjoint de la LRA, Vincent Otti, recherché par la Cour Pénale Internationale (CPI). C'était « dans le cadre d'une intervention connue que par le chef de la Mission, William Swing, et son chef des opérations militaires » et avec l'aide « très inhabituelle de deux agents du renseignement britannique postés à Kisangani ». La MONUC mène des enquêtes sur les circonstances dans lesquelles se sont déroulés les affrontements du parc de la Garamba, indique l'article du service de presse de l'ONU publié par LE PHARE, citant le commandant adjoint de la force onusienne en RDC, le général Patrick Cammaert. Le journal rapporte ainsi Les explications embarrassées du commandant de la MONUC : « Quand des bandes meurtrières mettent en péril la stabilité d'une région et la sécurité des populations civiles, le mandat donné par le Conseil de Sécurité nous permet de réagir de façon pertinente ».

LE PHARE estime que « la MONUC, si empressée à en découdre avec la LRA, n'a jamais fait preuve du même activisme sur la frontière rwandaise où Interahamwe, FDLR et APR remettent chaque jour en cause la souveraineté et les frontières de la RDC et constituent la menace la plus sérieuse et la plus directe au processus électoral ». Le scandale ne fait que commencer, indique le quotidien. « Il ne souligne que davantage l'incurie d'une mission sur laquelle les Congolais n'ont que les mots les plus durs. Une mission plus encline à faire le jeu des diplomates de salon et des intérêts des pays contributeurs qu'à traduire effectivement, sur le terrain, l'idéal onusien de paix et de démocratie », écrit le journal.

Mort de 8 soldats guatémaltèques : la MONUC dans l'embarras, titre en manchette LE POTENTIEL qui s'interroge : « la MONUC effectuerait-elle d'autres missions que celles lui confiées par le Conseil de Sécurité des Nations Unies ? En cherchant à neutraliser le chef de la LRA, serait-ce pour faire plaisir à Yoweri Museveni, le président ougandais, éliminer un adversaire encombrant ou pour neutraliser un groupe armé comme le recommande l'Accord de Lusaka ? ». Pour le quotidien, cette situation soulèverait des débats houleux à New York et montrerait la divergence des intérêts au sein du Conseil de Sécurité car, « certaines puissances utiliseraient des forces de l'ONU en mission de paix dans un pays donné pour effectuer des missions secrètes ». L'information publiée par LE MONDE, ajoute-t-il, « pousserait le gouvernement du Guatemala à saisir le Conseil de Sécurité pour de plus amples explications. Ou encore dissuaderait d'autres pays membres de l'ONU à envoyer leurs troupes en RDC ». Le quotidien met l'accent sur les espoirs placés en la MONUC pour accompagner le processus de transition à bon port. « Il ne peut y avoir "des missions secrètes", au coût élevé sur le plan humain, autre que celles du retour effectif d'une paix durable en RDC », écrit LE POTENTIEL. Il publie les noms des huit Casques bleus tués. Le plus jeune, un caporal, n'avait que 22 ans et le plus âgé, caporal aussi, avait 34 ans.

Malgré la disparition tragique des huit soldats de la paix, La sécurisation du secteur du parc de la Garamba est toujours assurée par les Casques bleus, fait savoir LA TEMPETE DES TROPIQUES. « 104 Casques bleus sénégalais sont cantonnées à Aba et ils effectuent quotidiennement des patrouilles (...) afin d'empêcher l'implantation d'éléments armés étrangers dans cette zone de la RDC », a déclaré le porte-parole militaire que cite cette parution.

La MONUC renforce sa présence à Rutshuru et Kanyabayonga, indique, pour sa part, à la Une L'OBSERVATEUR qui précise que 600 Casques bleus viennent d'y être déployés, 800 autres dans la ville de Goma « afin de protéger la population contre les groupes insurgés » et des éléments sud-africains à Kalemie dans la province du Katanga.

A en croire l'ancien conseiller de feu maréchal Mobutu et président de l'Alliance des Patriotes pour la Refondation du Congo (APARECO), le Rwanda ne serait pas étranger aux récents affrontements dans le Rutshuru. Honoré Ngbanda livre les secrets de la dernière guerre à l'Est, titre LE PALMARES. Un obstacle se serait dressé sur le chemin du président rwandais, Paul Kagamé, décidé à « parachever son projet en RDC », pense M. Ngbanda : le mode de scrutin électoral, examiné actuellement par le parlement congolais qui, dans sa majorité, opterait pour le système de listes ouvertes. Le scrutin à la proportionnelle avec des listes bloquées permet « une meilleure représentation des minorités » et cela arrangerait le Rwanda, explique le président de l'APARECO. Il affirme connaître les dessous du dernier voyage, en Europe et aux Etats-Unis, en ce mois de janvier 2006, d'Azarias Ruberwa, vice-président congolais en charge de la commission Politique, Défense et Sécurité, et président du Rassemblement Congolais pour la Démocratie (RCD), ex-mouvement rebelle soutenu par le Rwanda : mobiliser « les lobbies rwandais en occident pour amener les pays occidentaux à imposer ce scrutin aux Congolais ». Selon l'ancien conseiller de Mobutu, Paul Kagamé vient donc « d'activer son joker militaire (Laurent) Nkundabatware, pour augmenter la pression et sur les acteurs politiques congolais ».

Sur un tout autre registre, la presse kinoise revient sur les cinq ans de pouvoir du Chef de l'Etat congolais. 26 janvier 2001-26 janvier 2006 : Joseph Kabila, pari réussi, titre en première page L'AVENIR. Pari gagné pour Joseph Kabila, renchérit L'OBSERVATEUR. Pour LE PALMARES, les cinq ans de pouvoir de M. Kabila sont à placer sous le signe de la paix et de la réunification ! Cinq ans déjà, pourtant personne n'y croyait, affiche LE POTENTIEL. M. Kabila avait promis de tout mettre en œuvre pour rétablir la paix et conduire le peuple congolais aux élections ; il avait également opté « pour l'ouverture de la RDC aux autres pays du monde, afin d'éviter son isolement sur le plan international », rappelle le journal. Pour LA REFERENCE PLUS qui salue la politique d'ouverture aux plans politique et économique de M. Kabila, « en cinq ans, qu'on l'aime ou qu'on ne l'aime pas, Joseph Kabila a entrepris de réaliser ce qu'il avait annoncé. A l'heure des comptes, le jeune président peut se prévaloir (...) d'un bilan somme toute positif, quoi que le volet social reste encore une énigme ».

Joseph Kabila : 5 ans de "mandat" à justifier, souligne LA TEMPETE DES TROPIQUES. « Aucun monument durable à léguer aux générations futures, aucune réforme sociale opérée, aucune mesure prise en vue d'une détente générale dans le pays, aucun effort déployé pour les Congolais », écrit cette parution.