Revue de presse du 28 juin 2004

20 fév 2009

Revue de presse du 28 juin 2004

La presse kinoise de ce lundi revient avec force détails sur la rencontre au sommet d'Abuja entre les présidents Joseph Kabila de la RDC et Paul Kagame du Rwanda. Les journaux s'interrogent aussi sur le sort du Colonel Jules Mutebutsi et la situation militaire dans la partie est du pays.
Sous le titre Kabila : un pari risqué avec Kagame, LE PHARE ne cache pas son pessimisme à l'issue de la rencontre au sommet, le 25 juin dernier à Abuja, entre les chefs d'Etat congolais et Rwandais. On retient de cette entrevue, rappelle le journal, que « les deux présidents ont décidé de réactiver les dispositions de l'Accord de Pretoria tombé en désuétude.(') Ils ont décidé de mettre sur pied un mécanisme de vérification conjoint qui devra s'assurer du désarmement des extrémistes Hutu rwandais ». Pour ce quotidien, « c'est du déjà entendu », car « personne n'a, jusqu'à ce jour, jamais réalisé cette vérification, d'autant plus qu'il faudra d'abord au préalable désarmer ces fameux Interahamwe, imprenables en brousse ». Le journal rapporte aussi la volonté des présidents Kabila et Kagame de rétablir la confiance entre eux afin d'éviter la guerre. « Là aussi, il ne s'agit que d'une profession de foi dont le passé nous apprend qu'elle n'a jamais eu de retombées positives dans le Kivu ». Le quotidien se demande si les deux chefs d'Etat qui s'engagent à appliquer l'Accord de Pretoria ont identifié, en si peu de temps, les raisons de sa non-application et si cette énième rencontre sera suivie de « résultats concrets sur le terrain ».

Dans un autre article intitulé Kigali défend son fonds de commerce, mais où est le cahier de charges de la RDC ', LE PHARE estime que le Rwanda défend la question des Interahamwe et des ex-FAR « dont use et abuse Kigali dans toutes les chancelleries et sur toutes les tribunes pour justifier la présence des troupes régulières rwandaises sur le territoire congolais ». Il s'agit, pour le journal, d'un « cahier de charges cohérent, structuré et bien documenté sur la présence des forces génocidaires en RDC et de l'implication des autorités congolaises dans cette affaire », pendant que « les plénipotentiaires de la RDC s'avouent toujours incapables de présenter un cahier de charges convenable et cohérent chaque fois qu'ils se trouvent en face des Rwandais ». Le quotidien trouve donc « normal » que les doléances de Kagame soient « toujours prises au sérieux avant d'être mues en résolutions dans un accord international liant les autorités de Kinshasa qui n'ont plus que leurs larmes pour conjurer le sort ». Pour le journal, l'affaire des Interahamwe est si compliquée et si sensible que sa réalisation devrait incomber à l'ONU et non à la RDC.

« Encore une fois, la RDC a été le dindon de la farce », estime en première page LE PALMARES qui titre : Voici comment Kagame a piégé J. Kabila à Abuja. Le journal pense que Paul Kagame a joué au bon enfant à Abuja puisque le dernier envahissement de la RDC par les troupes rwandaises a été très mal vu par la Communauté internationale et que le déploiement des 10.000 hommes des FARDC provoquent des insomnies « au sanguinaire de Kigali ». Il n'est proposé à la RDC aucune contrepartie, si ce n'est « la vérification routinière de la présence des soldats rwandais en RDC », déplore le journal qui se demande « pourquoi Joseph Kabila n'a-t-il pas exigé urbi et orbi l'extradition de Mutebutsi ' » Cela aurait eu le mérite de démontrer la « bonne volonté » de Paul Kagame et du Rwanda. Un sommet pour rien, écrit L'AVENIR dans son éditorial. Ce qui déçoit les Congolais, c'est que « la question de Mutebutsi soit restée sans solution, du moins officiellement ».

Mutebutsi et ses hommes en difficulté, annonce, pour sa part en première page, LA TEMPETE DES TROPIQUES. Le journal explique que le Colonel Jules Mutebutsi et ses hommes ont fui au Rwanda où ils ne sont pas considérés par le HCR comme des réfugiés. Citant certains observateurs, le journal pense que « Kigali est appelée à mettre Mutebutsi et ses hommes à la disposition de la justice internationale ou les remettre au gouvernement congolais qui s'occupera bien d'eux. Cet acte, s'il est posé, c'est au nom de la paix dans la région des Grands Lacs ».

L'OBSERVATEUR, de son côté, fait état d' Affrontements entre l'armée et les milices pro-rwandaises à Masisi et précise que les combats opposent depuis lundi dernier « les patriotes Maï-Maï et un groupe armé non identifié par la MONUC », à Ishasha, à 150 km au nord de Goma et auraient provoqué la fuite dans la brousse des habitants de villages entiers. Le quotidien qui cite encore des nouvelles en provenance du front, accuse des milices pro-rwandaises « entretenues par Serufuli et certains officiels du Nord-Kivu » qui ont envahi Nyabiondo et certaines localités du Masisi où ils ont tué, violé et chassé les autochtones « pour enfin y installer des personnes de souches banyarwanda ». Mais il souligne également que l'état-major de l'armée régulière a envoyé des renforts militaires qui ont permis « de récupérer ces localités des mains de ces miliciens pro-rwandais » et que « la situation serait sous contrôle des forces régulières ».

Sur un autre registre, LE POTENTIEL titre à la Une : Trois initiatives du chef de l'Etat en panne. Il fait tout d'abord état des neuf questions posées par le Chef de l'Etat aux participants au Dialogue Intercongolais à Sun City. Le Président Kabila leur avait, entre autres, demandé: « Faut-il maintenir la question 1+4 ', Faut-il réviser la Constitution ; si oui, sur quel point ' Comment appréciez-vous le fonctionnement des institutions ' ». Les réponses à ces questions étaient attendues le 12 juin 2004. Le quotidien parle de plusieurs entraves à la démarche présidentielle, notamment le refus d'Antoine Gizenga du PALU et d'Etienne Tshisekedi de l'UDPS, deux ténors de l'Opposition politique non armée, de s'entretenir avec Joseph Kabila, l'absence de moyens financiers pour les commissions d'enquête parlementaires pour la lutte contre la corruption, le coup de force du major Eric Lenge, les retombées dramatiques des manifestations des étudiants et de la population, le remaniement du gouvernement qui se fait toujours attendre'Tout ceci a quelque peu « refroidi l'enthousiasme présidentiel », note le journal qui indique que le message de la fête de l'indépendance, le 30 juin 2004, « est attendu avec beaucoup d'intérêt par le peuple congolais et la Communauté internationale ».

La RDC délivrée des pactes sataniques, titre LA REFERENCE PLUS qui rend compte de la clôture, par un culte, de la Conférence nationale pour la réconciliation et l'éveil national organisée par la Ligue pour la lecture de la Bible, des églises de réveil, la Maison africaine de prière, etc. Pendant six jours, les sommités intellectuelles, la population et les partenaires étrangers, épris de paix, se sont rendus compte de leurs limites dans la résolution des problèmes congolais. « Seul recours : Dieu le créateur de l'univers, maître de l'avenir », écrit le journal. Plusieurs personnalités venues de l'Ouganda, de l'Afrique du Sud, du Kenya, des Etats-Unis, de l'Inde et de la Jamaïque, ainsi que des membres du gouvernement de transition comme le Vice-président Azarias Ruberwa et le ministre de l'Intérieur, Théophile Mbemba, des membres du parlement et des institutions d'appui à la transition, ont pris part à la cérémonie de clôture.