Revue de presse du 29 décembre 2005

24 fév 2009

Revue de presse du 29 décembre 2005

La presse parue ce jeudi à Kinshasa planche sur l'examen de la loi électorale prévue ce jour au Parlement, le calendrier électoral. Les journaux s'intéressent aussi sur l'offensive militaire à l'Est du pays et la déroute des rebelles ougandais.
« L'examen de la loi électorale qui devait débuter hier mercredi au Palais du Peuple, est reporté à aujourd'hui jeudi 29 décembre 2005. Et pour cause : les deux chambres du parlement, ont, selon les informations en notre possession, émis le vœu de travailler de façon conjointe en vue de gagner du temps », écrit LE POTENTIEL, qui appelle les parlementaires congolais à examiner cette loi en toute responsabilité, à privilégier l'intérêt général et à ne pas « se renfermer dans la logique des composantes et entités ». Ce n'est qu'ainsi, souligne le journal, qu'on peut attendre d'eux, dans un bref délai, « un document juridique qui permettra à la Commission Electorale Indépendante (CEI) d'avoir un instrument de travail pour bien organiser les échéances électorales qui pointent déjà à l'horizon ». Le quotidien espère que le motif évoqué par les parlementaires pour reporter à ce jeudi l'examen de la loi électorale, soit porteur d'espoir, « quand on sait que le temps qui nous sépare des élections est trop serré ».

« La CEI est devant un feu rouge » car elle fait face à Un calendrier électoral très serré, estime pour sa part LE PHARE. Ce calendrier qui prévoit l'entrée en fonction du chef de l'Etat élu le 25 juin 2006, « pèche par un excès d'irréalisme, car il sera élu au cours de l'opération dont le premier tour aura lieu le 9 avril 2006, dans tout juste quatre bons petits mois », pense cette parution. « Ce qui est trop beau pour être vrai quand on pense à l'immensité des tâches à accomplir avant la tenue des scrutins proprement dits. C'est même surréaliste, rien qu'en prenant l'aspect de la préparation, très facile à exécuter sur papier, et donc en théorie, à partir des bureaux lambrissés de la CEI à Kinshasa et non sur le terrain », souligne le journal qui en veut pour preuve les nombreux écueils de l'opération d'enrôlement, imprévus par la CEI. Pour LE PHARE, « la seule profession de foi de la CEI ne suffit pas ». Il appelle la Commission à se mettre à l'œuvre pour boucler toutes les étapes préliminaires aux dates indiquées, notamment en ce qui concerne la date limite de dépôt des candidatures au 7 février 2006, les listes électorales pour les candidats au 11 mars, les bulletins de vote le 27 février, le déploiement des urnes et isoloirs sur tous les 199 territoires du 12 au 30 mars. Il faut également tenir compte des voeux des électeurs et non se précipiter pour faire plaisir aux bailleurs de fond « dont les agendas ne sont pas nécessairement ceux des Congolais » ; il faut aussi, poursuit le journal, considérer les 11 millions d'électeurs qui ne se sont pas rendus aux urnes le 18 décembre dernier lors du référendum constitutionnel. « Quelles sont les préoccupations de cette frange importante de la population qui a boudé en masse le scrutin référendaire ? Quelle leçon tirer de ce chiffre en y additionnant tous ceux qui, en votant "non", ont voulu adresser aux dirigeants un message précis ? », s'interroge le quotidien. « Nul ne construira la démocratie en RDC sans s'appuyer foncièrement sur les vertus du dialogue, quelles qu'en soient les circonstances. La démocratie est l'antithèse de l'exclusion », ajoute LE PHARE qui relève l'importance du brassage de l'armée et de la police avant la tenue des différents scrutins prévus en 2006.

LA TEMPETE DES TROPIQUES tire une Grande leçon du boycott du référendum. Deux camps se sont dessinés sur le plan politique, estime le quotidien : d'une part, celui des « zélateurs du "oui" » et d'autres parts, celui des boycotteurs et des tenants du "non". « Ce serait pratiquer la politique de l'autruche de prétendre que la page est tournée, et que la gymnastique du bilan serait inutile », écrit-il, rappelant l'appel au boycott lancé par le leader de l'Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS), Etienne Tshisekedi. « Le boycott du référendum et le pourcentage élevé du "non" confirme l'emprise de l'homme sur le peuple congolais », conclut le journal.

Dans son éditorial intitulé Prions pour le camp du "non", L'OBSERVATEUR considère l'une des victoires de la démocratie congolaise : l'éclosion du camp du "non" survenue à la faveur du dernier scrutin référendaire. Ce quotidien espère voir cette mouvance se présenter, lors des prochains scrutins, « plus structurée et plus inspirée afin de mieux éclairer et de mieux orienter ses membres par rapport aux choix qui sont devant nous ». Tout en saluant l'émergence du groupe du "non", le journal déplore ce qu'il qualifie « de nombreuses maladies infantiles déjà perceptibles et susceptibles de menacer son existence ». Il met l'accent sur « l'outrance du verbe » et souligne que « la caricature, l'affabulation et le mensonge ne sont pas loin ». Le quotidien cite en exemple les accusations des tenants du "non" selon lesquelles, dans le projet de constitution, la RDC aurait été vendue aux étrangers, y compris aux Rwandais. Il relève cependant que des Congolais, dont certaines figures du camp du "non", font des « va-et-vient diurnes comme nocturnes » dans les chancelleries et autres pays étrangers, « dont on ne nous explique pas toujours assez les tenants et les aboutissants ». D'où, poursuit L'OBSERVATEUR, « nous prenons sur nous le risque de douter des propos que nous entendons ; car depuis toujours, dans ce pays, (...) nous sommes très nombreux à avoir plaisamment la bouche à gauche et le ventre à droite ». Généralement en RDC, constate cette parution, lorsqu'un acteur politique « se lève brusquement, parle haut et fort, remue ciel et terre, menace, etc, », il est toujours prudent de bien l'observer pour mieux comprendre, indique le quotidien. Le peuple ne tarde pas à se rendre compte de la supercherie : ces gesticulations ont très souvent lieu lorsque leur auteur « soit a manqué le train à bord duquel se trouvait le pot de soupe, soit est réduit à se contenter de la portion congrue ». Au journal de prier, pour conclure : « Plaise au ciel, que notre camp bien-aimé du "non" soit au dessus de cette mêlée ».

Le même journal consacre sa Une à la fin de l'offensive militaire dans le Nord-Kivu et donne le Bilan provisoire : 86 rebelles tués et 4 prisonniers, « 42 fusils d'assaut, deux mitrailleuses et un canon anti-aérien récupérés auprès des rebelles. (...) les FARDC (Forces Armées de la République Démocratique du Congo) et la MONUC n'ont pas subi d'autres pertes en dehors de celles enregistrées le premier jour des combats », écrit L'OBSERVATEUR. Les FARDC, appuyées par la MONUC, ont gagné l'Est !, jubile LE PALMARES. « Pour confirmer la déroute des rebelles ougandais » La presse a été héliportée à Eringeti, rapporte LE PHARE. Deux leaders de l'ADF/NALU (groupe rebelle ougandais) ont été tués lors des opérations des FARDC, titre encore le même journal, citant les généraux Mbuyi des FARDC et Satiya de la MONUC. Ces deux leaders, Prada et Amosi, faisaient partie des rebelles tués pendant les combats. « Un autre, Bosco, s'est enfui dans les collines de Ruhengeri. Un quatrième, répondant au nom de Luini, a été grièvement blessé », écrit le quotidien.

Ces affrontements ont fait des milliers de déplacés à l'Est du pays, indique LA TEMPETE DES TROPIQUES. « Bien que délogés de Mwalika au Nord-Kivu », Les rebelles ougandais conservent leur capacité de nuisance, pense le journal en première page. En effet, précise-t-il, ils ont fui « vers la région boisée de Ruwenzori. Retranchés dans cette partie peu accessible de l'Est de la RDC, ces miliciens peuvent continuer à commettre les pires crimes contre les civils de cette partie du pays ».

La pacification de l'Est congolais, une nécessité, titre encore LE POTENTIEL. « Que ce soit dans l'Ituri, le nord ou le Sud-Kivu, les forces négatives n'ont plus droit de cité (...). La proximité des échéances électorales prochaines semblent avoir joué un grand rôle dans le tournant en cours », écrit le quotidien qui rappelle la présence à l'Est, depuis juin 1994, des ex-FAR (ex-Forces Armées Rwandaises) et Interahamwe qui, à force de commettre des « crimes crapuleux » à l'endroit des populations congolaises, se sont mis à dos celles-ci. « La Communauté internationale devrait avoir un autre regard à l'endroit de ces gens, qui faute de rapatriement, ont droit à une autre terre d'asile. Surtout depuis que les populations de l'Est congolais exigent du gouvernement et de la MONUC de les débarrasser de toute présence rwandaise. Soit-elle hutu ou tutsi », conclut LE POTENTIEL.