Revue de presse du 5 janvier 2006

24 fév 2009

Revue de presse du 5 janvier 2006

Après quelques jours de congé pour les fêtes de fin d'année, certains journaux ont sorti leur premier numéro de l'année 2006, ce 5 janvier. Ils commentent les discours de fin d'année du leader de l'UDPS (Union pour la Démocratie et le Progrès Social) et du chef de l'Etat congolais.
« Plus que jamais l'année 2005 est enfouie dans les annales de l'histoire nationale. Avec ses tares, ses remous et autres turbulences ayant marqué le quotidien du peuple congolais. 2006 ouvre pour sa part une nouvelle page pour un pays qui a hâte de recouvrer la plénitude de ses droits et prérogatives » : c'est l'entrée en matière de la rubrique A haute voix du POTENTIEL et qui s'intitule Année de la différence. « ...au cours de cette année de grands enjeux politiques et de défis importants, le peuple congolais en général, et les acteurs politiques en particulier, se doivent d'opérer une mue », écrit le quotidien. Il voit l'entrée de l'UDPS dans le schéma de la transition comme la traduction de « la volonté des retrouvailles d'un peuple qui prend enfin conscience qu'il faut éviter de se faire hara-kiri ». Le journal publie le message de vœux à la nation du président de l'UDPS, Etienne Tshisekedi dans lequel ce dernier conditionne son entrée dans le processus électoral à l'obtention d'assurances quant à « sa crédibilité et son équité à travers la maîtrise effective, par l'UDPS, à l'instar d'autres concurrents, de tous les rouages de son organisation ».

C'est dans ce cadre que L'UDPS écrit au CIAT et à la CEI, titre LE POTENTIEL en première page. Le parti du sphinx de Limete, comme d'aucuns le surnomment, réaffirme « son engagement à prendre part aux prochains scrutins à tous les niveaux ». Au CIAT, il rappelle, note le journal, les « engagements pris lors des "discussions secrètes" en ce qui concerne la question d'"homonymie"pour un règlement politique et administratif de ce problème de dénomination ainsi que de l'ouverture des bureaux d'enrôlement ». Dans la lettre adressée à la CEI, l'UDPS revient sur « la question de la "réouverture des bureaux d'enrôlement" pour permettre aux Congolais qui n'ont pas pu s'enrôler durant la période spécifique d'enregistrement et d'identification, de se faire enrôler pour les prochaines échéances électorales ». Le parti de M. Tshisekedi, tout en refusant d'intégrer les institutions de la transition, pour des raisons de « crédibilité des élections », demande à intégrer, non seulement la CEI mais aussi la Haute Autorité des Médias (HAM), fait savoir le quotidien. L'heure est à présent à l'attente des réponses réservées à ces deux lettres, souligne-t-il. Les réponses seraient positives, anticipe déjà le journal, qui cite « certaines indiscrétions ».

Bientôt l'enrôlement des partisans et sympathisants de l'UDPS, indique dans la foulée LA TEMPETE DES TROPIQUES. A en croire ce quotidien, cette question est jugée « pertinente par les bailleurs de fonds du Congo qui tenaient à l'implication d'Etienne Tshisekedi dans le processus électoral ». A défaut de procéder à l'enrôlement normal tel qu'organisé par la CEI, « un autre mécanisme d'identification et d'enregistrement serait envisagé et étudié ».

Selon LA REFERENCE PLUS, hormis les partisans de l'UDPS, « beaucoup de Congolais n'ont pu s'inscrire dans des zones très enclavées ou en proie à des violences ». C'est ainsi que La CEI poursuit l'indentification et l'enrôlement à l'Equateur, titre cette parution à la Une. « A quelque chose malheur est bon, car, pense le journal, ces problèmes de parcours devraient permettre à la CEI de trouver un remède à l'épineuse question du retour de l'UDPS dans le processus électoral sans avoir à faire exception pour un parti ».

Soulagement et liesse à Kinshasa et dans l'arrière-pays, après la diffusion du discours d'Etienne Tshisekedi, rapporte LA TEMPETE DES TROPIQUES. Des foules entières avaient envahi les innombrables « nganda » (bars) de Kinshasa pour fêter l'événement et la même liesse populaire a été observée dans plusieurs localités telles que Butembo, Goma, Uvira, Mbuji-Mayi, Tshikapa et Kikwit, fait savoir LA TEMPETE DES TROPIQUES.

L'implication de l'UDPS est certes saluée dans certains milieux nationaux et internationaux, mais « ne fait pas le bonheur de tout le monde », indique encore LE POTENTIEL. Les militants du parti à Kinshasa et dans les deux Kasaï « ont jubilé. Leur joie est au comble dans la mesure où ils savent désormais que leur leader sera dans la course à la magistrature suprême du pays ; alors qu'il y a quelques mois, ils ruminaient leur désespoir de voir la longue lutte politique de Tshisekedi se terminer en eau de boudin ». Mais tout le monde ne fait pas la fête, note le quotidien, et les partisans du "non" au référendum constitutionnel sont les premiers à être surpris car, selon le journal, « ils avaient élaboré leurs stratégies électorales en misant sur l'intransigeance de l'UDPS ». A présent, ils doivent « revoir leurs copies pour réviser leurs stratégies ». Le camp du "non" n'est pas le seul. Le clan du "oui" qui considérait, jusque là, Tshisekedi et l'UDPS non partants, « se léchaient déjà les babines », écrit LE POTENTIEL. Il « est obligé de revoir aussi ses copies car Tshisekedi et l'UDPS arrivent. Il y a déjà l'ombre des alliances », souligne cette parution. Le parti devra, de son côté aussi, revoir sa stratégie politique, et « songer à nouer des alliances dans la mesure où son réajustement politique la place "seule contre tous" », estime le journal. « Trêve donc d'illusion, en attendant les réponses officielles du CIAT et de la CEI », conclut-il.

« Contrairement aux ragots des pourfendeurs de ce parti (UDPS) et de son distingué leader, ce message a réchauffé le cœur en berne de milliers de Congolais, violemment heurtés par celui prononcé pour la même circosntance, le 31 décembre 2005, par le Chef de l'Etat », estime LA TEMPETE DES TROPIQUES. J. Kabila-Tshisekedi : les secrets d'une guerre de messages de vœux, titre de son côté LE PALMARES. Il parle de « deux hommes, deux styles » : « Joseph Kabila, avec son sens de retenue légendaire, s'est prudemment interdit de plonger dans le bilan annuel pour ne pas tomber dans la démagogie. Pour sa part, Etienne Tshisekedi (...) a mis le doigt dans la plaie : "la RDC est malade, très malade. Elle a besoin d'une thérapie curative qui lui assure santé et prospérité " ». Le quotidien se lance dans une comparaison entre le leader de l'UDPS et le Président congolais : le premier a 73 ans, « dans un pays où l'espérance de vie est réduite à 45 ans », le second a 34 ans, « dans un pays où la majorité de la population est jeune » ; Tshisekedi est un juriste diplômé de 1965 et Joseph Kabila un « brillant autodidacte ». Le chef de l'UDPS, vu son âge, « est condamné à gagner en 2006 » alors que l'âge du Chef de l'Etat congolais lui permet de se représenter en cas d'échec. Parlant de l'expérience dans la gestion des affaires de l'Etat, le journal indique que M. Kabila a « une vision réaliste de la gestion de l'Etat mais avec une épine sous les pieds, le social ! » ; M. Tshisekedi est certes un ancien ministre de Mobutu, mais « il a une vision idéalisée et populiste de la gestion des affaires de l'Etat ». Les meilleurs opposants ne sont pas toujours les bons dirigeants, souligne-t-il, citant en exemple le Haïtien Aristide, le Congolais Lissouba, le Polonais Walesa. « Mais les partisans de Tshisekedi sont unanimes : lui est une exception », affirme le journal.

Il pousse plus loin la comparaison : Tshisekedi ne connaît rien du monde militaire, mais Kabila a une certaine expérience en la matière. Le premier est marié depuis plus de 40 ans à Marthe, une « grande dame, (...) unique personne écoutée de son mari » mais le second, malgré son jeune âge « qui l'expose à toute tentation, est d'une discrétion de prêtre hors mesure » et pour preuve : « la première dame de la République n'est pas encore officiellement connue ». Quant à l'expérience politique, poursuit le journal, Tshisekedi est « un vieux dinosaure de la politique congolaise » depuis 1960 et est spécialiste en stratégie politique, sachant « transformer ses échecs en victoire » ; Kabila a « défié tous les pronostics avec sa méthode de gestion du pays » depuis le décès de son père, Laurent Désiré Kabila. Cartes de visite à l'étranger : le numéro un de l'UDPS a une vision qui est « en porte à faux avec la dimension internationale (...) les Occidentaux n'apprécient pas des extra nationalistes à la tête des pays riches comme la RDC. Preuve : aucun pays membre de l'OTAN ne soutient sa candidature », écrit LE PALMARES. Par contre, note-t-il, « Joseph Kabila est considéré comme le modèle d'un dirigeant africain pour avoir accepté de partager son pouvoir avec l'ex-rébellion (...et) il bénéficie du soutien de la Belgique et de la France ». Le quotidien trouve finalement un point commun entre les deux hommes : chacun dirige deux grandes formations politiques de la RDC : l'UDPS pour Tshisekedi « dont la majorité des membres sont moins nantis» et pour Kabila, le PPRD (Parti du Peuple pour la Reconstruction et la Démocratie) dont les membres ont « dans leur bouche des cuillères argentées ».