Revue de presse du 6 décembre 2004

23 fév 2009

Revue de presse du 6 décembre 2004

Les journaux parus à Kinshasa ce lundi 6 décembre 2004 font état d'affrontements à l'est de la République Démocratique du Congo, causant un déplacement massif des populations.
La guerre fait rage, annonce L'OBSERVATEUR, qui précise que des affrontements ont lieu à Masisi, à Walikale et à Rutshuru. Citant des sources militaires, le quotidien indique que de ''violents combats'' se déroulent dans ces localités entre ''les Forces armées congolaises et les troupes rwandaises''. A en croire les mêmes sources, des Maï-Maï se seraient joints aux FARDC pour ''pousser hors du territoire national les agresseurs rwandais''. Le journal rapporte que plusieurs milliers de civils fuient des villages et localités du Nord Kivu pour échapper aux soldats rwandais. Ces derniers pratiqueraient la politique de la terre brûlée en détruisant tout ce qu'ils trouvent dans les villages, souligne le quotidien. Il rappelle que sur décision du chef de l'Etat congolais, Joseph Kabila, plus de 10.000 soldats congolais ont été envoyés à l'Est du pays pour faire face à cette nouvelle agression du Rwanda.

En réaction à cette agression, L'AVENIR rapporte que des étudiants de Kisangani sont descendus dans la rue. Dans un article intitulé : les étudiants s'en mêlent, le quotidien indique que les étudiants de Kisangani demandent ''des moyens pour bouter dehors l'ennemi''. Le quotidien s'attend à ce que d'autres étudiants dans d'autres villes rejoignent ce mouvement, puisque ''quand les armes crépitent partout, personne ne peut se dire non concerné étant donné que toutes les activités sont perturbées, y compris les études''.

Face aux menaces permanentes du Rwanda, LE POTENTIEL estime que la seule manière pour la RDC de se faire respecter et de dissuader les ambitions hégémoniques de tout agresseur consiste avant tout à mettre en place une armée nationale restructurée, intégrée, républicaine et dissuasive. Le quotidien souligne que tous les partenaires de la RDC sont de cet avis. Ils invitent de ce fait, les dirigeants congolais à faire de la question de l'armée une urgence. Le journal rapporte les propos de l'envoyé spécial de l'Union européenne dans la région des Grands Lacs, Aldo Ajello, qui accuse les dirigeants congolais ''de poser beaucoup d'obstacles dans le processus en cours''. Le quotidien rappelle également que la même préoccupation avait été exprimée par le Secrétaire général adjoint de l'Onu, chargé des Opérations de maintien de la paix, Jean-Marie Guéhenno, lors de son récent passage à Kinshasa. Il avait évoqué, entre autres, la lenteur constatée dans la réalisation du processus d'intégration de l'armée, indique le quotidien.

LA REFERENCE PLUS rapporte la position de l'ONG internationale Human Rights Watch (HRW) qui souligne qu'une intervention militaire rwandaise, si elle ne ciblait que les rebelles hutus rwandais, risque d'attiser des tensions ethniques déjà très exacerbées dans cette région. Le journal cite Alison Des Forges, spécialiste de la région des Grands Lacs au sein de HRW, qui soutient que ''les informations sur une présence militaire rwandaise vont semer encore davantage de colère à l'encontre des Congolais d'origine rwandaise, notamment des Tutsis''. Selon Mme Des Forges, les Congolais d'autres communautés risquent d'accuser les Tutsi congolais de ''soutenir une invasion rwandaise de leur pays''. Par ailleurs, elle demande à la Communauté internationale d'envisager de couper son aide au Rwanda, pour ''contraindre ce pays à freiner ses ardeurs bellicistes''.

C'est ce lundi que le Conseil de sécurité de l'ONU se prononcera sur l'invasion du Rwanda en RDC, annonce LE POTENTIEL, notant que les membres permanents du Conseil de sécurité ne sont pas encore parvenus à un compromis sur les termes de condamnation de cette nouvelle incursion rwandaise en RDC. Pourtant, indique le quotidien, ''il n'y a plus de doute face à des indices récoltés par la Monuc, sur la présence des troupes rwandaises en RDC''. Le quotidien regrette que ''certains membres permanents continuent à se montrer dubitatifs, affirmant que ces indices ne sont pas convaincants pour attester que les troupes rwandaises sont en RDC''. Le journal rappelle que le Conseil de sécurité n'en est pas à sa première hésitation lorsqu'il s'agit de prendre une décision sur les actes d'agression contre la RDC. ''Les membres permanents se sont, chaque fois, montrés hésitants quand il s'agit de la RDC, laissant ainsi la situation pourrir. Et lorsque l'on se décide à lever une option, les résolutions du Conseil de sécurité comportent souvent des insuffisances qui ne permettent pas à la mission de paix au Congo d'agir avec plus d'efficacité et d'efficience'', écrit le quotidien.

Quoiqu'il en soit, LE PHARE croit savoir que la troisième guerre du Kivu n'aura pas lieu. La première, rappelle le quotidien, a été celle de Laurent Désiré Kabila, qui, ''à la tête d'une étrange coalition internationale'' a fait tomber les villes les unes après les autres,'' abandonnées par les troupes ex-zaïroises'''. La deuxième guerre se voulait ''celle de la rectification d'une libération qui avait tourné au cauchemar pour les Congolais''. Pour ce quotidien, la troisième guerre n'aura pas lieu, pour plusieurs raisons : Le journal estime, d'abord, que ''le contexte ayant radicalement évolué depuis 1996, le Rwanda n'a plus les cartes dont il pouvait se prévaloir par le passé''. Le journal souligne que le Rwanda est désormais privé ''de la caution congolaise'', le Rassemblement Congolais pour la Démocratie ''qui passait pour la caisse de résonance de Kigali'', ayant, ''pour la première fois, et de manière claire et nette'', condamné les menaces rwandaises. La deuxième raison pour laquelle le Rwanda ne peut intervenir au Congo est que le Rwanda et la RDC ont signé un certain nombre d'arrangements, conclus avec la bénédiction de la Communauté internationale, pour régler pacifiquement les différends, écrit le quotidien. Et la dernière raison pour laquelle Kigali n'a plus les mains libres est la condamnation unanime de la Communauté internationale, souligne le journal.