Revue de presse du jour

23 fév 2009

Revue de presse du jour

Le massacre de Gatumba qui a fait plus de cent morts parmi les réfugiés Banyamulenge continue de défrayer la chronique dans la presse parue mardi à Kinshasa.
« La fracture de ce processus est assez sérieuse pour que l'on s'arrête un peu car il subsiste encore des questions substantielles non encore résolues. Les principaux acteurs de la transition sont appelés à se retrouver autour d'une table pour réfléchir sur ces graves événements par rapport à l'échec de la réconciliation. Larmes aux yeux, la voix cassée par l'émotion, le Vice-président de la République Démocratique du Congo venait là d'avertir que la réconciliation qui est la clé de ce processus de transition, se trouve menacée et il ne sert à rien de se voiler la face si cette question n'est pas vite résolue », écrit LE PHARE sous le titre : Maître Azarias Ruberwa avertit : « le processus de paix est en panne et ce qui est arrivé à Gatumba aura un impact certain en RDC et au Burundi ».

Le journal rend compte des obsèques des 161 réfugiés Tutsi congolais massacrés au Burundi, « victimes de leur faciès ou du fait de s'exprimer aussi dans une langue parlée dans un pays voisin » et auxquels ont pris part « une foule nombreuse accourue de tous les coins de Bujumbura » et des personnalités politiques et administratives venues de Kinshasa, notamment des ministres, vice-ministres, des parlementaires, le gouverneur du Nord-Kivu et le Conseiller spécial du président congolais en matière de Sécurité. Les morts ont été enterrés dans « une fosse de 20 mètres de large, 25 mètres de long et 1,5 mètre de hauteur », d'où se dégageait « une odeur tenace ». Le journal précise qu'une cinquantaine de personnes ont défilé dans la fosse portant chacune une pancarte disant notamment « ONUB, go home » (repartez chez vous), visant la mission de l'ONU au Burundi.

Le Vice-président congolais a annoncé aux réfugiés rescapés la volonté du Gouvernement de transition de les ramener au pays, « s'il le faut, la puissance publique va imposer ce retour par tous les moyens, a-t-il lancé, le regard haut et fier d'un fils digne de cette communauté que l'on veut faire disparaître de la terre de ses ancêtres », rapporte le journal. Les Banyamulenge demandent au Gouvernement de transition d'assumer son rôle de protecteur de toutes les communautés du pays et plus particulièrement les groupes minoritaires ; le Président burundais, Domitien Ndayizeye, a déclaré que son pays ne tolérera plus la violation de l'intégrité de son territoire et a exigé une enquête internationale, souligne encore LE PHARE.

Politisation des obsèques : Kigali menace d'intervenir, titre encore le même journal. Il rapporte les déclarations du ministre rwandais de l'Intérieur, Christophe Bazivamo : « le Rwanda est prêt à porter secours et à intervenir (') pour arrêter le génocide et tranquilliser les populations comme au Darfour ». L'AVENIR émet sur la même longueur d'onde et titre : Inhumation des victimes de Gatumba sur fond politique. Le journal rapporte aussi la réaction du Burundi. « Si Domitien Ndayizeye a l'intention de conquérir le Kivu à son tour, il peut avant tout demander conseil à son voisin rwandais qui venait de subir, au début du mois de juin dernier, un échec cuisant », avertit le quotidien qui est convaincu que le récent massacre de Gatumba « n'est qu'un prétexte pour la coalition rwando-burundaise de réattaquer la RDC ».

Kagame menace de nouveau d'envahir la RDC, indique LE PALMARES, « comme si le massacre de Congolais dans le territoire burundais est d'abord une affaire du Rwanda, alors que c'est la RDC et le Burundi qui devraient se sentir interpellés ». Le journal doit une fière chandelle au ministre congolais des Affaires Etrangères, Ramazani Baya qui a « déploré la culture de menaces et de la violence dont le Rwanda est si friand vis-à-vis de la RDC ».

« Massacre de Gatumba » : Le Chef de l'Etat et « le camp de la patrie » interpellés, indique en première page FORUM DES AS. « Face aux attaques délibérées de leurs adversaires, le Chef de l'Etat et son bloc présidentiel semblent, à ce jour, manquer d'un dispositif communicationnel capable de défendre leur position (') Pendant que le Congo, à l'image d'Hannibal qui vainquait mais ne savait pas exploiter ses victoires, on voit comment ses adversaires se ruent sur le massacre de Gatumba pour mettre en cause, sur le plan international, les FARDC (Forces Armées de la République Démocratique du Congo), les Maï-Maï et les FNL (Forces Nationales de Libération/Burundi) », écrit le journal. Il déplore une absence de politique d'anticipation et dénonce la guerre « éminemment médiatique » des « agresseurs de la RDC ».

«Au vu et au su de tout le monde, une seule composante est parvenue à s'imposer à toutes les autres composantes et entités désormais résignées à subir ses quatre volontés. Elle les mène par le bout du nez comme bon lui semble », écrit pour sa part LA TEMPETE DES TROPIQUES. Le journal annonce la visite prochaine à Kinshasa du ministre rwandais des Affaires Etrangères. Ce qui, selon le quotidien, « doit mettre en veilleuse les menaces qu'il a proférées, 24 heures après le massacre de Gatumba, d'envoyer à nouveau ses militaires traquer les Interahamwe ».

L'incapacité d'anticipation, titre aussi LE POTENTIEL. Il déplore « le dysfonctionnement des structures du Gouvernement pour assurer la protection des biens et des personnes ». Il considère le massacre de Gatumba comme « la réponse aux événements du Kivu, avec les combats de Bukavu et la rébellion des officiers dissidents du RCD » et estime qu'il faut que le Gouvernement congolais se dote « d'une politique d'anticipation pour faire face à toutes les éventualités ». Le journal se demande : « Comment un commando peut-il quitter un pays, traverser la frontière et aller opérer un crime dans un autre pays sans être détecté ' Pourquoi n'a-t-on pas anticipé cette action, si elle est effectivement partie de la RDC, dans un échange de renseignements pour que le Burundi prenne des dispositions utiles ' Quelle explication convaincante peut donner Bujumbura au fait que plus d'une centaine de Congolais aient été assassinés près d'un camp militaire sans que les soldats burundais ne soient intervenus ' ». Il s'interroge aussi sur l'empressement du Président burundais et du Vice-président congolais de désigner les Maï-Maï des FARDC comme auteurs du massacre « alors que des rebelles burundais en réclament la paternité ». Le journal donne raison au Secrétaire Général des Nations Unies, Kofi Annan, qui appelle « les pays de la sous-région à la retenue » et à « contribuer à la mission de l'Onu pour identifier les assassins ».

LE POTENTIEL estime qu'en définitive, « mettre fin à ce type d'horreur devrait nécessairement passer par la capacité de tous les dirigeants des pays des Grands Lacs à mieux gérer leurs contradictions internes ». Il appelle la RDC à relever le défi du Dialogue Intercongolais en accélérant « la mise en place des institutions démocratiques et fiables » afin de gérer efficacement tous les problèmes liés à la sécurité, à l'intégrité territoriale et au développement. Le journal demande au Rwanda de tourner définitivement la page « pour ne plus entretenir le mythe des génocidaires », de s'appuyer sur « un vrai code national qui favorisera la cohabitation pacifique entre Tutsi, Hutu et Twa. Les Interahamwe ne seraient plus qu'un mauvais souvenir si Kigali favorisait le dialogue et le pardon ». Le quotidien appelle le Burundi à tempérer « les dernières ardeurs belliqueuses », à maintenir le dialogue inter-burundais et à conduire sa transition à bon port. « Il s'agit de régler impérativement les dissonances internes pour ne plus chercher les boucs émissaires chez le voisin », souligne le journal.

A en croire LA REFERENCE PLUS, l'île de Gatumba est congolaise. Le quotidien cite Léonard Kambere, un chercheur congolais, qui « balaie les allégations d'une prétendue agression de la RDC sur le Burundi ». Il est convaincu que Gatumba, qui serait en fait Katumba, est une île « très riche en pétrole » qui, jusqu'en 1967, était « entièrement congolaise ».