Revue de presse du jour

23 fév 2009

Revue de presse du jour

La situation qui prévaut en Ituri, au nord-est de la RDC, continue de faire la Une de la presse kinoise. Elle planche, ce vendredi, sur le désaccord entre le gouvernement congolais et la MONUC sur la gestion de la crise iturienne. Les journaux s'attardent aussi sur divers sujets d'actualité comme l'examen de l'avant-projet de la Constitution au niveau du Parlement.
Selon un rapport « accusateur » de Human Right Watch, en Ituri : Kinshasa, Kampala et Kigali sont impliqués dans la guerre, annonce LE PHARE en première page. « L'ONG de défense des Droits de l'Homme, basée à New York, a l'intime conviction que les enjeux réels de l'insécurité en Ituri sont à chercher dans plusieurs centres de décisions et sources de financement situés au Congo Démocratique même, en Ouganda et au Rwanda », écrit le journal. « Des réseaux procurant armes et argent aux combattants Lendu, Hema et autres milices seraient très actifs dans les trois pays précités, voire au-delà. », rapporte encore le quotidien. Human Right Watch pointe du doigt « plusieurs anciens responsables des ex-mouvements rebelles et belligérants appartenant à l'ex-gouvernement de Kinshasa » qui continueraient de « pousser leurs sous-fifres, restés en dehors des institutions de la transition, à demeurer dans la logique de guerre ». Le journal appelle les « concitoyens acquis à la cause de la paix » à encourager « la MONUC à maintenir la pression sur le Gouvernement de Transition afin que soient débusqués, traduits en justice et sanctionnés, non seulement les seigneurs de guerre de l'Ituri mais tous ceux d'anciens belligérants en intelligence avec les criminels de guerre perturbateurs de la tranquillité à l'Est du pays ». Pour LE PHARE, les seigneurs de guerre « camouflés aujourd'hui en généraux, colonels, ministres, députés, sénateurs, membres d'institutions d'appui à la démocratie » qui seraient reconnus comme commanditaires, « devraient payer en Ituri le juste prix qu'appellent leurs forfaitures ».

Sous le titre Human Right Watch est formel : « Il faut arrêter tous les chefs miliciens d'Ituri », un chercheur de l'ONG américaine en RDC dénonce sous sa plume, dans LE POTENTIEL, la promotion, concrétisée ou à venir, aux grades de général ou colonel ou encore commandant, accordée aux leaders des groupes armés actifs dans le district, alors qu'ils sont « tous responsables notoires de groupes armés qui ont ordonné, toléré ou participé aux massacres de civils ». Il estime que le message est, on peut plus clair : « commettre des atrocités sur les civils aide à décrocher une promotion au Congo ». Il souhaiterait voir ceux qui ont été mis en résidence surveillée, après l'assassinat des 9 Casques bleus de la MONUC, être officiellement arrêtés au lieu de « profiter du confort du Grand Hôtel de Kinshasa » où ils sont logés. Il appelle le Chef de l'Etat congolais à « ordonner immédiatement » des enquêtes et l'arrestation de tous les leaders de groupes armés impliqués dans les massacres de civils et pas seulement de ceux qui pourraient avoir tué des soldats sous mandat de l'ONU.

Le Conseil de Sécurité menace le gouvernement congolais, titre LE PALMARES. « L'ONU tient à des sanctions contre les seigneurs de guerre qui se la coulent douce à Kinshasa », note le journal.

LE POTENTIEL revient sur le Désaccord entre la MONUC et le Gouvernement au sujet de la question de l'Ituri. Le journal rapporte la réaction du ministre de l'Information et Presse et Porte-parole de l'Exécutif congolais, Henri Mova Sakanyi, après que la Mission onusienne ait demandé l'arrestation, par les autorités congolaises, des leaders des milices ituriennes mis en résidence surveillée. Il a fait savoir que la MONUC n'avait pas raison de charger seul le Gouvernement, ni de presser ce dernier d'arrêter les premiers responsables du drame de l'Ituri. Il a rappelé « qu'en son temps, le gouvernement avait sollicité l'aide de la MONUC pour juguler la tragédie qui sévissait en Ituri en comptant sur le recours, par cette dernière, du chapitre 7 de la Charte de l'ONU. Mais il s'était buté à des réserves de la part de la Mission onusienne ». M. Mova se demande s'il fallait attendre « l'assassinat des 9 Casques bleus pour voir cette disposition enfin s'appliquer ». La machine judiciaire est en marche et elle suivra son cours normal en ce qui concerne la mise en accusation des chefs des milices, a assuré, par ailleurs, le Porte-parole du gouvernement.

Fallait-il 9 morts pour qu'il y ait désarmement en Ituri ', s'interroge à son tour L'AVENIR qui s'étonne du « réveil tardif » de la MONUC qui ne s'est « jamais préoccupée des plus de 50.000 Congolais morts » en Ituri. Le journal met l'accent sur la bonne volonté de gouvernement de désarmer les milices puisqu'il a eu à commencer cette « opération très coûteuse ». Il indexe la Communauté internationale qui a « poussé le gouvernement » à intégrer les chefs des milices de l'Ituri au sein des FARDC, « tout en insistant qu'on fasse d'eux des généraux ». Le journal égratigne au passage le Chef de la MONUC, William Swing, qui a été convoqué à New York par le Conseil de Sécurité « pour donner des précisions sur ce qui s'est passé en Ituri ». Pour cette parution, le Représentant spécial aurait dû être appelé pour « justifier la mort des 50.000 Congolais ». Le journal dénonce la « passivité des Nations Unies » en RDC ou ailleurs. Il cite en exemple la Côte d'Ivoire « où l'ONU se refuse de désarmer les rebelles ».

Pour LE POTENTIEL qui cite des « observateurs avisés », l'attitude du gouvernement congolais dénote le manque d'harmonie dans l'approche ou l'appréhension du conflit iturien qui a donné lieu à « toutes sortes de commentaires allant de la négligence au business, en passant par, une perception approximative et sélective de la crise ». LE POTENTIEL s'interroge : « Qu'a-t-on fait des dispositions des accords qui recommandent au gouvernement traquer et désarmer les groupes armés ' De qui est venue la proposition d'élever les chefs des miliciens au rang des généraux des FARDC ' L'objectif visé a-t-il été atteint ' ». Le journal estime par ailleurs que la sécurité des personnes et des biens ainsi que la garantie de l'intégrité territoriale « relèvent de la responsabilité du gouvernement que celle de la MONUC », qui en fin de compte, devra quitter un jour la RDC. Le quotidien appelle donc à l'accélération du processus de brassage des troupes de la nouvelle armée, de la police et des services de sécurité.

Selon le même journal, Tous ont péché. Dans sa rubrique Apostrophe, le journal pense que tant le gouvernement que la MONUC ont failli. Mais « l'important, aujourd'hui, poursuit le quotidien, c'est l'engagement dans l'avenir. Sans émotion ». « Il apparaît que la MONUC ne veut pas couler seule. Disons qu'elle ne veut pas porter seule la responsabilité du drame iturien », souligne pour sa part L'OBSERVATEUR dans son éditorial.

A en croire L'AVENIR, la situation sécuritaire du pays, notamment en Ituri, a été au centre des entretiens, jeudi, entre le Chef d'état-major des FARDC et le Président congolais qui a effectué une visite surprise au Mont-Ngaliema. Kisempia Sungilanga et Joseph Kabila ont eu une séance de travail pendant trois heures.

Sur un autre registre, le même journal indique qu'en ce qui concerne l'avant projet de la Constitution, Les députés sont devant un feu rouge. Il rappelle l'ultimatum du CIAT aux deux chambres du Parlement et publie la mise en garde de la Société civile du Sud-Kivu qui dise non au fédéralisme. Cette structure conteste également « toute démarche tendant à légitimer tout pouvoir en dehors du processus électoral » et précise qu' « il s'agit en fait du fameux gouvernement d'union nationale dont Jean-Marie Guéhenno (Secrétaire Général adjoint de l'ONU en charge des Opérations de maintien de la paix) et Karel De Gucht (ministre belge des Affaires étrangères) se font les chantres ».

La parité homme-femme dans les institutions du pays sera appliqué de manière progressive, indique, pour sa part, LA REFERENCE PLUS. Le journal indique qu'une loi dans ce sens a été votée, jeudi, par les trois quart des Sénateurs. « Aux femmes de consolider cette victoire acquise pour que cette nouvelle disposition s'applique sans faille », écrit le quotidien.

LA TEMPETE DE TROPIQUES, de son côté, rend compte de l'atelier organisé par la Ligue des électeurs et la Fédération Internationale des Droits de l'Homme (FIDH) sous le titre : le gouvernement accusé de bloquer la CPI (Cour Pénale Internationale). « Les textes devant permettre une bonne coopération entre la RDC et cette juridiction permanente ne sont pas encore adoptés », écrit le journal. Il n'y a pas de coopération formelle entre la Cour et la MONUC, fait savoir en outre le quotidien.

L'OBSERVATEUR consacre sa manchette au Trafic illicite d'uranium aux mines de Shinkolobwe au Katanga. « Les services de renseignement sud-africains croient en l'existence d'un réseau maffieux », note le journal. L'exploitation illicite de l'uranium katangais constitue « un danger réel aussi bien sur le plan militaire que stratégique que sur le plan de la santé publique », s'inquiète le quotidien. Il appelle le gouvernement congolais à rendre effective la décision de la fermeture des mines de Shinkolobwe pour mettre fin à ce trafic.