Le message de l'Archidiocèse de Kinshasa, appelant à un boycott des scrutins si les conditions d'une élection crédible n'étaient pas réunies est abondamment décrypté par les journaux parus ce lundi 24 juillet 2006 à Kinshasa.

Dans un message lu hier dans toutes les paroisses kinoises et signé par « plusieurs évêques, prêtes, abbés et frères, l'Eglise catholique de Kinshasa menace de décréter le boycott des élections », rapporte Le Phare [proche de l'UDPS]. Un boycott qui sera effectif, explique ce quotidien si, « les revendications des forces politiques et sociales continuaient à être ignorées ».

L'Observateur renchérit en écrivant que l'église catholique de Kinshasa a exprimé publiquement à la Commission Electorale Indépendante, aux autorités politiques, au CIAT et à la communauté internationale « sa volonté de voir se tenir des élections sans aucune manipulation, ni tricherie sans imposition de choix qui ne sont pas ceux du peuple ».

Estimant, par ailleurs, que «ce message n'est pas digne d'une église sensée être au milieu du village», L'Observateur [pro PPRD] souligne « qu'il ne fait que traduire le sentiment trouble de ses auteurs, et qui cache mal leur parti pris politique... Ils se servent d'un langage identique à celui propre aux agitateurs politiques de tous les pays », fait remarquer ce quotidien.

N'empêche que ce message souligne, « une fois de plus, la volonté de tous les Congolais de s'approprier le processus électoral afin que tout se déroule dans la transparence totale pour une après-élection apaisée », décrypte pour sa part Le Potentiel [proche de l'opposition]. Mieux, il s'agit « d'une marque de réelle prise de conscience, de responsabilité politique pour que la République démocratique du Congo sorte de sa torpeur et s'engage résolument dans le processus de la renaissance d'un Congo nouveau », conclut ce quotidien.

Reste que si le Conseil épiscopal de l'Archidiocèse de Kinshasa a « invité le peuple à se tenir prêt à s'abstenir des élections, si les irrégularités constatées ne sont pas corrigées avant la clôture de la campagne électorale », les autres archidiocèses particulièrement ceux de Bukavu et de Lubumbashi ont « prié pour les élections du 30 juillet prochain en soutenant l'organisation de celles-ci... », signale Le Palmarès [pro PPRD]

« A suivre de près les péripéties de l'organisation des élections et les méandres de la campagne électorale, rien ne rassure», mentionne de son côté Le Potentiel. Bien au contraire, poursuit ce quotidien, « la transparence ne semble pas être au rendez-vous du fait du trafic des cartes d'électeurs ». Pourtant, estime Le Potentiel dans son éditorial, ces élections sont «une chance d'évacuer définitivement, du contexte politique national, la vieille querelle de légitimité du pouvoir qui a stoppé la marche de l'Etat ».

En tout état de cause, « si les irrégularités ne sont pas éliminées », Azarias Ruberwa affirme qu'il « empêchera celui qui remportera le scrutin de gouverner en usant des voies démocratiques », prévient L'Avenir [proche du PPRD] avant de suggérer au vice-président, candidat à la présidentielle, « d'agir dès maintenant, au lieu d'attendre la proclamation des résultats pour les contester s'il est convaincu de l'existence de ces irrégularités... ». Pour sa part, Z'Ahidi Athur Ngoma estime que « les concertations politiques demeurent un transit nécessaire en vue de crédibiliser les élections », rapporte Forum des As [Indépendant].