Un pont aérien de la MONUC pour transporter des gorilles

31 mar 2010

Un pont aérien de la MONUC pour transporter des gorilles

Kinshasa, 30 mai 2010 - Les Casques bleus de la MONUC vont évacuer par pont aérien neuf gorilles orphelins du Rwanda et de Goma, dans le Nord Kivu, vers un refuge permanent à Kasugho, près de la réserve naturelle de Tayna en République démocratique du Congo (RDC), suite à une demande de l'Institut Congolais pour la Conservation de la Nature (ICCN) et de la Fondation Diane Fossey.

Les hélicoptères de la MONUC transporteront trois jeunes gorilles de Goma à Kasugho, à la fin du mois d'avril, et six gorilles adolescents du Rwanda à Kasugho, au mois de mai. Ils seront notamment accompagnés de vétérinaires. Les scientifiques ont été d'avis que le transport terrestre aurait été difficile et traumatisant pour les animaux.

L'annonce de transporter ces gorilles par pont aérien a été faite lundi soir, à Kinshasa, par Alan Doss, Représentant spécial du Secrétaire général de l'ONU en RDC. Le chef de la MONUC s'exprimait lors d'une cérémonie de remise de prix pour la conservation de la nature* : « Protéger la Terre - planète que nous partageons tous - n'est pas l'affaire des seuls Gouvernements » a-t-il déclaré. « Cela nécessite une coopération à plusieurs niveaux, qui conjugue les efforts des gouvernements, des organisations non gouvernementales et des organisations internationales. Cela nous oblige à aller au-delà des frontières, et de faire des choses que nous n'envisagerions pas normalement ».

Seuls quelque 750 gorilles de montagne et 5.000 gorilles des plaines de l'Est survivent dans la nature en RDC, au Rwanda et en Ouganda. « Le transfert de ces animaux permettra la reconstitution de leur population et contribuera à la restauration d'un écosystème qui a souffert, autant que la population humaine, de la guerre et (des) violences » a dit M. Doss.

La cérémonie de remise de prix pour la conservation de la nature du 29 mars a été parrainée par l'ICCN et la Fondation Alexander Abraham. Elle honorait 19 Congolais, hommes et femmes, dont huit ont perdu la vie en 2009 dans la lutte pour la protection de la faune et de la flore et des ressources naturelles du pays. Trois autres lauréats ont été blessés alors qu'ils défendaient un poste de conservation isolé contre des braconniers en janvier dernier. Les huit autres ont été décrits par M. Doss comme « des pionniers, des hommes et des femmes qui ont eu le courage de s'élever dans leurs communautés et d'œuvrer pour la préservation des parcs nationaux et des forêts (...) Nous devons remercier ces hommes, ces femmes ainsi que leur famille pour l'exemple qu'ils nous donnent ».

Selon le Programme des Nations Unies pour l'Environnement (PNUE), plus de 190 gardiens de parc auraient ont été tués dans le seul Parc national des Virunga, en RDC, au cours des 15 dernières années.

-----------------------------------------------------

* DISCOURS du Représentant spécial, Alan Doss, lors de la Cérémonie de Remise du Prix Alexander Abraham pour la Conservation de la Nature:

Hôtel Memling - Kinshasa RDC, 29 mars 2010

Excellence M. le Ministre de l'Environnement,
Madame Abraham, Présidente de la Fondation
M. Le Délégué Général de l'ICCN
Distingués invités,
Mesdames et Messieurs,

Au nom des Nations Unies, c'est avec grand plaisir que je me retrouve une fois de plus en votre compagnie pour honorer les Congolais et les Congolaises choisis pour leur courage et leur engagement pour recevoir le Prix Abraham pour la Conservation de la nature. Je voudrais remercier Mme Abraham pour son engagement remarquable dans la lutte pour la conservation ici en DRC ; et nous lui rendons hommage pour son dévouement et sa générosité. Nos remerciements vont également à M. le Ministre de l'Environnement et à M. le Délégué Général de l'ICCN.

Cette année, le prix sera décerné à 19 personnes, dont huit ont perdu la vie tandis qu'ils luttaient pour la préservation de la faune et de la flore ainsi que des ressources naturelles du pays. Selon le Programme des Nations Unies pour l'environnement, plus de 190 gardes forestiers ont été tués dans le Parc national des Virunga au cours des 15 dernières années. Trois autres récipiendaires ont été blessés au mois de janvier, tandis qu'ils défendaient un poste de conservation isolé contre des braconniers. Enfin, je décrirai les huit personnes restantes qui seront honorées ce soir comme des « Pionniers » ; c'est-à-dire des hommes et des femmes qui ont eu le courage de s'élever au sein de leur communauté et de travailler pour la préservation des parcs nationaux et des forêts.

Le travail qu'ils effectuent dans des zones reculées et souvent dangereuses nous rappelle que les conflits causés par l'homme et la pauvreté figurent parmi les plus grandes menaces à la survie de toutes les espèces de notre planète. Nous devons remercier ces hommes, ces femmes ainsi que leur famille pour l'exemple qu'ils nous donnent. Chacune des personnes récompensées ce soir nous a démontré qu'il est possible d'affronter et de vaincre les forces de destruction qui, si elles sont incontrôlées, priveront les générations futures de leur héritage naturel.

Les gardes forestiers ainsi que certains citoyens déterminés prennent des risques en défendant la préservation de la faune et de la flore du pays. Ils représentent un visage de la RDC que bien peu de personnes voient ; le visage de Congolais agissant pour le bien commun et pour un environnement sain qui sert leurs compatriotes et profite au monde entier.

La RDC a besoin du dévouement de plus de personnes comme celles qui seront récompensées ce soir. Le pays a également besoin des institutions publiques qui peuvent protéger l'héritage naturel du pays. Une autorité de l'Etat efficace et légitime est nécessaire pour protéger à la fois la population et l'environnement. La MONUC est déterminée à travailler de pair avec le Gouvernement et le peuple congolais pour la restauration de l'autorité étatique ; mais aussi pour la protection des habitants de ce pays remarquable et de son écosystème précieux et unique qui risquent également de devenir des victimes du conflit.

Protéger la Terre que nous partageons tous n'est pas un tâche qui revient aux Gouvernements uniquement. En effet, cette tâche nécessite une coopération à tous les niveaux associant les efforts des Gouvernements, des ONG et des organisations internationales.

La MONUC est une mission de maintien de la paix. Cependant, nous avons décidé à la MONUC de faire quelque chose d'un peu inhabituel pour une telle mission: nous avons accepté d'aider l'Institut Congolais pour la Conservation de la Nature (ICCN) et la Fondation Diane Fossey en transportant des gorilles orphelins par hélicoptère vers un sanctuaire permanent dans la Réserve naturelle de Tayna, dans le Nord Kivu.

Il n'y a environ plus que 750 gorilles de montagne et 5000 gorilles des plaines de l'est en RDC, au Rwanda et en Ouganda. Le transfert de ces animaux permettra de reconstituer leur population et contribuera à la restauration d'un écosystème qui a souffert, tout comme la population humaine, de la guerre et de la violence.

Un environnement dans lequel l'Etat, les ONG et les Nations Unies peuvent coopérer pour donner aux gorilles et aux autres espèces une meilleure chance de survie, est un environnement dans lequel les individus peuvent également avoir une meilleure chance de survivre et de prospérer.

Ceci dit nous reconnaissons également que la sauvegarde de l'environnement signifie aussi s'assurer que les moyens de subsistance des individus préservent et ne détruisent pas l'environnement. La MONUC doit également participer à cet effort et réduire son empreinte écologique. Dans l'immédiat, j'ai demandé à tous nos contingents militaires de ne plus utiliser de charbon de bois et de rechercher des combustibles de cuisson alternatifs qui soient plus respectueux de l'environnement. C'est un petit pas mais qui je l'espère positionnera la MONUC sur une voie plus écologique.

Mesdames et Messieurs,

Je suis très honoré de participer à l'édition 2010 de la Cérémonie de Remise du Prix Abraham pour la Conservation de la nature ; et de féliciter ces hommes et ces femmes très spéciaux que vous allez bientôt découvrir. Ils méritent nos félicitations ainsi que nos encouragements sans réserve pour le travail remarquable qu'ils effectuent pour chacun d'entre nous.