Verbatim point de presse-03 mai 2006

13 fév 2009

Verbatim point de presse-03 mai 2006

Dans l'ensemble, la situation sécuritaire de la RDC est restée calme ; quoique la semaine écoulée ait connu un certain regain de tension à l'Est du pays, où les combattants FDLR, visiblement poussés jusque dans leurs derniers retranchements, ont intensifié leur terreur contre les populations civiles à Bunyakiri et au Parc Kahuzi Biega. Nous y reviendrons tout à l'heure, avec le porte-parole militaire.
Mais d'abord avec vous Jean-Tobie, l'actualité de la semaine écoulée.

Merci Kemal. La Commission Electorale Indépendante vient de fixer l'opinion, en publiant un nouveau calendrier électoral. La MONUC se félicite de cette annonce, et juge que le processus électoral congolais est plus que jamais irréversible. Nous espérons que dans trois mois, les Congolais et Congolaises vont enfin avoir la possibilité, pour la première fois de leur histoire, de peser sur le cours de leur destin. La MONUC souhaite que ces trois mois soient mis à profit par tous, pour que ces premières élections que nous voulons libres, démocratiques et transparentes, soient le reflet de la volonté de la population. Il faut maintenant faire plus pour l'éducation civique et la sensibilisation des électeurs, afin que le moment venu, chaque électeur fasse le choix le plus judicieux qui soit.

Une nouvelle période s'ouvre donc devant nous ; la MONUC souhaite que ces élections se déroulent dans un esprit serein, responsable ; et que les principaux acteurs, qu'il s'agisse des médias, des partis politiques, des candidats indépendants ou des autorités, s'abstiennent de tout acte de nature à exclure, à intimider ou à créer des troubles.

Beaucoup de sacrifices ont été consentis pour en arriver là où nous sommes aujourd'hui : il serait regrettable, voire dangereux qu'une attitude irresponsable remette en cause cette opportunité unique et historique que sont, pour le peuple congolais, les élections. La Communauté internationale n'a jamais autant investit dans une opération électorale de cette envergure, depuis la création des Nations Unies.

La MONUC tient à rappeler qu'il est interdit aux partis et candidats politiques d'utiliser des enfants à des fins électorales. La Haute Autorité des Médias, dans sa récente directive d'avril 2006 dispose expressément que « les partis politiques, les regroupements politiques ou candidats indépendants doivent s'interdire d'utiliser les enfants mineurs à des fins de propagande électorale ». (Art. 26)

Par ailleurs, la nouvelle Constitution de la RDC définit comme étant enfant mineur toute personne âgée de moins de 18 ans (Art. 41). Malheureusement, nous avons appris qu'à Goma et Beni, des partis politiques ont distribué dans des écoles des T-shirts et des posters, avec les slogans de leurs partis politiques, aux élèves âgés entre 13 et 17 ans. A Mbuji-Mayi, certains partis politiques ont aussi annoncé leur intention d'utiliser des enfants, « s'ils sont dans la rue ou s'ils veulent participer volontairement aux manifestations politiques » ; parce que disent-ils, les enfants qui ne sont pas protégés par l'Etat doivent se faire écouter pour défendre leurs droits. Ces partis se rendraient ainsi coupables et responsables de tout ce qui pourrait arriver à ces enfants.

Mais la MONUC reste confiante quant à l'issue de la Transition. L'Afrique du Sud est allée bien au-delà de ses engagements formels vis-à-vis de la RDC. L'Union Européenne vient de décider de l'envoi d'une Force pour la sécurisation des élections en RDC. La MONUC continue à appuyer les FARDC sur le terrain pour venir à bout des dernières bandes armées. La MONUC continue aussi à assurer la formation de la Police Nationale Congolaise, notamment dans le cadre de la sécurisation des élections ; déjà 35.000 policiers formés, sur les 40.000 prévus.

L'on enregistre par ailleurs cette semaine le troisième arrivage des kits électoraux (urnes, isoloirs et autres materiels) qui seront d'ici peu acheminés à travers le pays. L'enregistrement des candidatures pour les Provinciales a demarré hier mardi : tout est donc mis en oeuvre pour que les Congolais s'expriment le 30 juillet prochain, de manière libre et démocratique. La publication du calendrier électoral indique de maniére tangible que le processus est bien route.

Le Secrétaire General Kofi Annan, le Secretaire General adjoint, Jean-Marie Guehenno et avant eux, l'Ambassadeur Jean-Marc de La Sablière l'avaient dit : personne ne doit être exclu du processus ; mais personne ne doit également s'en auto-exclure.

Au plan sécuritaire, la MONUC observe non sans inquiétude, un certain usage abusif, arbitraire de la force ces derniers temps, chez les forces de l'ordre. Qu'il s'agisse de la PIR ou des FARDC. A Bukavu par exemple et en une semaine, deux agents locaux de la MONUC se sont fait arrêter par la PIR ; l'un d'eux travaillait calmement à son domicile, quand la police a fait irruption chez lui, l'a brutalisé, menotté et arreté. Cet incident survient après celui d'il y a deux semaines à Kisangani et qui avait vu un journaliste de Radio Okapi se faire tabasser par des éléments du GSSP. La MONUC demande donc aux autorités de prendre les dispositions nécessaires et habituelles pour continuer à protéger son personnel.

La MONUC soutient les efforts des autorités, dans le cadre des opérations de sécurisation du pays, et particulièrement de la Ville de Bukavu entreprises depuis un mois. Ces opérations menées conjointement par la Police et les FARDC ont permis de réduire sensiblement l'insécurité dans cette ville. Mais encore une fois, nous déplorons les abus et exactions commis par ceux-là même qui sont chargés de protéger la population. La MONUC, tout en se félicitant que les autorités mettent tout en oeuvre pour protéger les populations, demande à ce que les droits humains soient respectés.

* Toujours au plan sécuritaire, certaines informations ont fait état la semaine dernière d'une incursion d'élements armés dans la région de Langabe, près d'Aba, dans la province Orientale, en territoire congolais donc. La MONUC y a renforcé sa présence militaire. A l'heure qu'il est, nous ne sommes toujours pas en mesure de confirmer l'identité de ces élements.

Les Nations Unies tiennent à rappeler que toute intervention d'une armée étrangère ou la menace d'une telle intervention, constituerait une violation de la souveraineté et de l'intégrité territoriale de la RDC. Les Nations Unies invitent toutes les parties concernées à recourir aux mécanismes bilatéraux et multilatéraux mis en place dans le but de traiter des préoccupations sécuritaires dans la région, au lieu de recourir à des actions unilatérales qui seraient contraires aux principes de la Charte des Nations Unies et aux accords conclus entre les pays de la région des Grands Lacs.

A présent, avec le Lieutenant-colonel Frédéric Médard, le détail l'actualité de la semaine, au plan militaire :

Le 26 Avril, les FARDC ont rapporté aux observateurs militaires stationnés à ABA une incursion des forces armées ougandaises (UDPF) dans le Haut Uélé. Les faits seraient survenus entre le 25 et le 26 avril. Des combats auraient opposé les FARDC et le groupe armé. Le 27 avril la MONUC a déployé une quarantaine de casques bleus afin de surveiller le développement de la situation, en coordination avec les FARDC. Une mission de vérification s'est rendue sur place le 28 avril. Elle a conclu que ces rapports étaient crédibles. D'autre part, des indices montrent un renforcement des forces ougandaises le long de la frontière congolaise.

Le 27 avril, la compagnie pakistanaise stationnée à KAGABA a appuyé deux compagnies des FARDC qui ont pu reprendre possession de hauteurs dominant le village de ROJOKO, sur la route entre BOGORO et GETI. Le 28 avril un accrochage a eu lieu entre les FARDC et les miliciens, dans le secteur de BOKUKU, à 4 kilomètres au nord ouest de TCHOMIA. L'appui de la MONUC a, là encore permis aux FARDC de réoccuper leurs positions. Un hélicoptère d'attaque, ainsi que 4 véhicules blindés ont appuyé cette action qui a fait plusieurs morts dans les rangs des ex-miliciens. 2 soldats congolais blessés au cours de l'accrochage ont été évacués par les airs vers BUNIA.

Le 29 avril sur la route de BAVI à MEDU, une patrouille de reconnaissance de la MONUC a essuyé des tirs.Les casques bleus ont riposté, entraînant la fuite des hommes armés. La MONUC accentue les patrouilles patrouillent dans le territoire de DJUGU et de MAHAGI afin de protéger la population locale d'éléments armés qui harcèlent la population.

Dans la province du Nord Kivu, les forces de la MONUC prêtent une attention particulière aux territoires de MASISI et de WALIKALE, suite aux rumeurs sur de présumées activités militaires. La MONUC informe et informera les autorités et la population d'une situation qui, à ce jour, ne justifie aucune inquiétude de leur part.

En revanche, l'opération NORTH NETWORK lancée le 26 avril, a permis de détruire le camp FDLR de RIVE à 9 km au nord est de KATWEGURU. 6 FDLR et 3 dépendants ont rejoint le processus de rapatriement. Les FARDC ont rapporté avoir tué 11 rebelles hutus rwandais. Des patrouilles conjointes sont conduites dans le secteur afin d'éviter un retour des rebelles hutus rwandais.

Dans le territoire de Rutshuru, les rebelles hutus rwandais ont attaqué des camps FARDC à KISHERO, KATWEGERU et NYAMALIMA. La 2e brigade FARDC déployée a tenu toutes ses positions et a infligé des pertes conséquentes aux assaillants en plus de sa contribution à la sécurisation de la population.
L'agressivité des combattants Hutus rwandais apparaît comme la conséquence directe de la pression militaire dont ils font l'objet. La MONUC maintiendra le rythme des patrouilles et de déploiement de bases mobiles, afin de sécuriser les populations civiles. Aucun répit ne sera laissé aux combattants hutus rwandais dont l'objectif demeure le désarmement et le rapatriement.

Une situation similaire prévaut également dans la province du Sud Kivu où les FDLR ont lancé des attaques contre les populations civiles dans la région de KANYOLA. Les casques bleus ont donc multiplié les patrouilles afin de réduire les agissements de ces groupes tandis que les FARDC renforçaient leurs effectifs. Notons que suite à l'opération SOUTH SUSTAIN, les FARDC restent déployés dans les villages d'EKINGI, MANGA et CHIBORORO, où le contingent pakistanais a pu dispenser des soins médicaux gratuits aux profit familles de ces militaires.

Dans le cadre de l'opération SOUTH SAFE PATH, la brigade du Sud Kivu garantit chaque jour la libre circulation des populations locales dans le parc de la Kahuzi Biega. Cette sécurisation se poursuit également la nuit puisque le 2 mai, une attaque nocturne de combattants hutus rwandais lancée contre KITANGA, localité située à l'entrée du parc, a été repoussée par une patrouille de réaction rapide. Après avoir mis en déroute les assaillants, les casques bleus pakistanais sont restés dans le village jusqu'à l'aube.

Dans la ville de BUKAVU la situation demeure calme suite aux efforts conjoints de la MONUC et des autorités congolaises. Les opérations de sécurisation nocturnes intéressent également les principales agglomérations de la province.

Dans la province du Katanga, 100 casques bleus boliviens sont maintenant déployés à KAMINA où ils protégent les infrastructures électorales. Les observateurs militaires surveillent la situation à KOLWEZI qui est actuellement calme. Un détachement de 50 casques bleus uruguayens a pris la relève des casques bleus sud africains à MITWABA. Le bataillon de réserve sud africain a commencé sa rotation. Les 750 soldats du bataillon béninois sont maintenant déployés entre KALEMIE et MANONO et patrouillent dans leur secteur.

D'ici les élections, les forces de la MONUC vont poursuivre leur effort pour améliorer encore la situation militaire en RDC et créer partout un environnement stable qui permette aux Congolais et aux Congolaises de se rendre aux urnes.
La MONUC dispose d'une suffisance militaire qu'elle est en mesure de renforcer en fonction des nécessités tactiques. A ce titre une attention particulière est portée au district de l'Ituri ainsi q'aux Kivus (pour la zone de WALUNGU et KANYOLA), où des efforts significatifs doit être portés avant le début de la campagne électorale.

Enfin, une exigence en matière comportementale et de discipline sera de plus en plus attendue de la part des FARDC. Car pour certaines unités, les actes d'indiscipline q'elles commettent, occultent totalement aux yeux des populations congolaises, la valeur de leur engagement militaire contre les forces négatives.

Au niveau des droits de l'Homme, pour des raisons de logistique, la présentation du rapport que nous avous avons promis la semaine derniere sur la situation des Droits de l'Homme en RDC est renvoyée à la semaine prochaine. Aujourd'hui, Madame Sonia BAKAR va nous parler de la situation à Mitwaba au Katanga.

Avant de passer aux questions, juste pour vous rappeler que ce mercredi 3 mai, le monde entier célèbre la Journée Mondiale de la Liberté de la Presse. Le message du Secrétaire Général des Nations Unies devrait avoir été distribué à l'heure qu'il est. A cette occasion, la MONUC voudrait redire ici son indéfectible attachement à la liberté de la presse car un monde sans une presse libre est un monde sans libertés ; et nous savons jusqu'où l'absence de liberté peut conduire. La MONUC saisit une fois de plus cette occasion, pour demander aux autorités congolaises de protéger les journalistes dans l'exercice de leurs fonctions ; et comme le dit Kofi Annan dans son message, de leur garantir le droit « de chercher, de recevoir et de répandre, sans considérations de tribus ou d'ethnies, les informations et les idées par quel que moyen que ce soit », que consacre l'article 19 de la Déclaration universelle des droits de l'homme.
Les journalistes sont nos yeux, nos bouches et nos oreilles. Ils sont un des acteurs clés du changement. Vouloir museler la presse, c'est tourner le dos à la démocratie et à la liberté.

Nous allons à présent passer aux questions.