Verbatim point de presse -06 septembre 2006

13 fév 2009

Verbatim point de presse -06 septembre 2006

Le point de presse de ce mercredi 06 septembre 2006 a été animé par Jean-Tobie Okala, Porte-parole adjoint de la Mission et le Lieutenant-colonel, Stéphane Lescoffit [Porte-parole militaire].
Bonjour à tous et à toutes, et bienvenue au point de presse hebdomadaire de la Mission des Nations Unies en République démocratique du Congo MONUC. Bonjour également aux auditeurs de Radio Okapi et des radios partenaires qui nous font l'honneur de relayer ce programme.

Nous aborderons trois points au cours de ce point de presse nouvelle formule :
La situation sécuritaire du pays ; Le processus électoral qui poursuit son cours .Le point sur la situation sociale et humanitaire

J'ai parlé de point de presse nouvelle formule ; cela fait presque sept ans que la MONUC vous convie à ce rendez-vous hebdomadaire. Des remarques des uns et des suggestions des autres, il est apparu que trente minutes était la durée idéale pour ce type de rendez-vous ; exception faite des cas où la situation exigera que nous allions au-delà de ce laps de temps. Nous allons donc expérimenter aujourd'hui avec vous, pour la première fois, cette nouvelle formule.

Premier point que nous abordons maintenant, la situation sécuritaire. Au cours des sept derniers jours, la situation est restée stable sur l'ensemble du pays. Elle s'est même améliorée à Kinshasa depuis les malheureux événements du 20 au 22 août 2006, malgré des rumeurs de toutes sortes qui maintiennent inutilement la psychose. Les élèves ont repris le chemin de l'école lundi passé, Kinshasa semble avoir définitivement retrouvé sa tranquillité habituelle. Fondamentalement donc, aucun événement majeur n'a remis en cause la stabilité et la sécurité du pays.

La MONUC poursuit ses opérations de sécurisation du pays, les miliciens continuent de déposer les armes en Ituri ; depuis juin dernier, ils sont 4,788 à l'avoir fait, permettant ainsi à la paix de gagner du terrain. Plus de détails avec vous, Lieutenant-colonel Lescoffit à qui je souhaite un bon retour parmi nous, après quelques jours de repos bien mérité :
Des patrouilles conjointes ont été menées avec l'EUFOR, EUPOL et la Police Nationale Congolaise dans toute la ville de Kinshasa. Plusieurs vérifications ont été menées à Kinshasa ainsi qu'à N'Djili et le long du fleuve jusqu'à la hauteur de Maluku.

Dix transporteurs de troupes de type BMP-1 ont été déplacés par train de Matadi à Kinshasa par les FARDC.

En province Orientale, des informations font état du mouvement de 150 à 200 combattants de la LRA en direction des centres de rassemblements situés au sud du Soudan.

En Ituri, un suspect supplémentaire a été appréhendé le 30 août dans l'affaire du meurtre de deux observateurs militaires survenu à MONGBWALU en 2003. Cette interpellation amène à six le nombre total de suspects arrêtés.

Dans les Kivus, un hélicoptère de la MONUC a été atteint le 1er septembre par un projectile au moment où il survolait la région de KIMBULU. Personne n'a été blessé au moment de l'incident et l'engin a pu se poser en toute sécurité à LUBERO.

Des échanges de tirs ont en outre eu lieu à KASUO et MASHUTA les 30 et 31 août entre le FDLR et sa faction dissidente RUDI. Le nombre exact de victimes de ces affrontements reste pour l'instant inconnu.

Au Katanga enfin, deux bases opérationnelles mobiles sont venu s'ajouter à celle de MALEMBA NKULU. Ces dernières sont situées à PWETO et à MITWABA et ont pour but de faciliter la reddition de combattants Mayi-Mayi.

Merci Stéphane.
Pour ce qui est des événements survenus à Kinshasa du 20 au 22 août 2006, sachez que la MONUC et les deux parties en conflit continuent de travailler d'arrache-pied pour parvenir à un modus vivendi entre les deux candidats au second tour de l'élection présidentielle. Le Groupe de Travail poursuit ses vérifications sur le terrain chaque jour, chacune des deux parties collabore pleinement au travail ; les deux sous-commissions poursuivent aussi leur travail, toujours sous la facilitation de la MONUC.

Sachez aussi, à propos de ces incidents, que la Division des Droits de l'Homme de la MONUC est particulièrement préoccupée par la situation des droits de l'homme à Kinshasa : un groupe de journalistes, d'animateurs et de techniciens de la chaîne de télévision CKTV, appartenant au Vice-président Jean-Pierre Bemba, auraient reçu des menaces de mort de la part d'hommes non identifiés, entre le 24 et le 27 août 2006. Depuis, les victimes vivent dans la clandestinité.

Et puisque nous parlons des droits de l'Homme, signalons que le 9 août 2006, un candidat à la députation, membre du Mouvement Patriotique Congolais, aurait été arbitrairement arrêté, illégalement détenu et soumis à des traitements cruels, inhumains et dégradants par des officiers de renseignement de la 10ème Région Militaire et par des soldats de la 109ème Brigade des FARDC. La victime, qui a passé 20 jours de détention dans un cachot souterrain de la Garde républicaine, aurait été arrêtée, ligotée et sévèrement tabassée lors de son arrestation.

Enfin, la Division des Droits de l'Homme de la MONUC est aussi préoccupée par la persistance des cas de viols et surtout par un nouveau cas de viol massif commis vraisemblablement par des agents de la Police congolaise à Bolongo dans la province de l'Equateur, en août dernier.

En effet, dans le cadre de l'exécution d'un mandat d'amener décerné contre des habitants impliqués dans un conflit foncier, un groupe de policiers aurait commis un viol massif sur 60 femmes, dont 2 mineures, torturé et pillé systématiquement la population locale, qui a dû se réfugier dans une forêt avoisinante. Grâce à l'intervention de la MONUC, l'auditeur militaire a déjà procédé à l'arrestation de 9 policiers présumés coupables et entendu 12 victimes sur les faits.

Pour ce qui est du processus électoral, comme vous le savez, il est bien sur les rails et avance sûrement. La MONUC se réjouit des derniers progrès enregistrés depuis notre dernière rencontre : la Haute Autorité des Médias a fait signer aux maisons de presse un acte d'engagement par lequel elles acceptent de respecter les règles déontologiques et de ne rien faire qui puisse nuire à la cohésion nationale.
La Commission européenne a débloqué lundi dernier 16 millions d'euros supplémentaires pour financer la suite du processus électoral en RDC, suite à une demande du Secrétaire général de l'Onu. Avec cette dernière contribution, l'effort financier européen se chiffre désormais à 165 millions d'euros.
Par ailleurs et depuis samedi dernier, des milliers de kits électoraux pour les élections combinées du 29 octobre prochain sont acheminés vers Kisangani, Kindu, Lubumbashi, Kananga, Gemena et Kalémie, en provenance de l'Afrique du Sud. Il s'agit essentiellement des urnes, des isoloirs, des lampes et des matériels de bureau.
Ici même à Kinshasa, un séminaire sur les leçons apprises des scrutins du 30 juillet a eu lieu du 31 août au 1er septembre. Plusieurs recommandations ont été faites, pour permettre à la CEI de faire encore mieux que lors des premiers scrutins.
En Afrique du Sud, l'impression des bulletins de vote pour les élections provinciales est en cours, celle du second tour de la présidentielle attend la proclamation définitive des résultats du premier tour par la Cour Suprême. Le processus avance donc, la MONUC invite la population à rester calme et à ne pas céder à la panique et à la psychose que certains pyromanes veulent artificiellement créer.

Sur le plan social et humanitaire, sachez que c'est depuis hier que Monsieur Jan Egeland, sous-Secrétaire général des Nations Unies chargé des Affaires humanitaires séjourne en RDC. Monsieur Egeland a eu des entretiens hier dès son arrivée, notamment avec le Représentant spécial, la communauté humanitaire, les bailleurs de fonds et le chef de l'Etat. Cette visite, qui honore la RDC, est aussi un encouragement au pays, après la tenue des premières élections libres, démocratiques et transparentes du Congo en plus de 40 ans.

La crise sociale et humanitaire que traverse la RDC reste l'une des plus graves que le monde ait connues depuis la fin de la seconde guerre mondiale. On estime que chaque jour, quelque 1200 Congolais meurent des conséquences de la guerre que l'on peut éviter, soit 50 décès par heure ! La visite de Monsieur Egeland est l'occasion d'attirer, une fois de plus, l'attention de la communauté internationale sur ce que d'aucuns qualifient de « tsunami silencieux » congolais. Outre Kinshasa, le sous-Secrétaire général des Nations Unies chargé des Affaires humanitaires se rendra aussi au Katanga, Sud-Kivu et en Ituri dans la Province Orientale.

Je voudrais saisir cette occasion, pour vous exprimer les sincères excuses du Bureau de Coordination des Affaires Humanitaires des Nations Unies OCHA, suite à l'annulation de la conférence de presse d'hier avec M. Jan Egeland. Le programme extrêmement chargé du sous-Secrétaire général ne lui a pas permis d'honorer cet important rendez-vous avec la presse, OCHA s'en excuse et s'engage à vous fournir régulièrement des détails sur la tournée de Monsieur Egeland dans les provinces.

Toujours sur le plan humanitaire mais sur le terrain cette fois, notez qu'en raison de l'amélioration des conditions de sécurité au Katanga, les signes encourageants se multiplient dans cette Province, où l'on estime que plus de 100 000 personnes sont retournées chez elles ces six derniers mois, faisant ainsi diminuer de plus de moitié le nombre des déplacés de la Province. Un total aujourd'hui évalué à 80 000, contre 200 000 précédemment.

Une mission d'évaluation de la section des affaires civiles de la MONUC qui s'est rendue à Mitwaba le 31 août dernier a confirmé cette tendance : elle a constaté que le camp de déplacés qui accueillait en début d'année 13 000 personnes s'est vidé de la plupart de ses occupants. Les troupes de la MONUC conduisent désormais des patrouilles sur des longues distances à partir de Mitwaba, et aucun incident de sécurité n'a été signalé récemment dans les zones de retour.

Tout aussi encourageant, dans la zone d'Eringeti, à la frontière de l'Ituri et du Nord Kivu, notons que 44 familles ont rejoint la semaine passée les 66 autres qui avaient regagné leurs villages de Makembi et Tchuchubo il y a une quinzaine de jours. Ce sont ainsi près de 550 personnes qui ont au total, rejoint leurs domiciles qu'ils avaient fuis fin décembre 2005 lors des opérations conjointes contre les ADF-NALU.

Enfin, sachez que pour ce qui est de l'agenda du Représentant spécial, Monsieur Swing a fait un aller et retour hier à Brazzaville. C'était pour y rencontrer le Président congolais Denis Sassou Nguesso, par ailleurs président en exercice de l'Union africaine. Les deux hommes ont évoqué, entre autres sujets, la situation en RDC et le processus électoral en cours.

Nous allons maintenant passer aux questions. N'oubliez pas de vous présenter et de donner le nom de l'organe pour lequel vous travaillez.

Première question :

Merci, Mesdames et Messieurs, à la semaine prochaine.