Verbatim point de presse-15 fevrier 2006

13 fév 2009

Verbatim point de presse-15 fevrier 2006

La situation est restée relativement calme sur l'ensemble du territoire, aucun évènement majeur n'a remis en cause la sécurité de la République Démocratique du Congo depuis la dernière conférence de presse.
Les Nations Unies et la Commission européenne ont présenté lundi dernier, à Bruxelles, le Plan d'action humanitaire 2006 en faveur de la République Démocratique du Congo (RDC), lançant un appel à contributions de 681 millions de dollars pour répondre aux besoins de 30 millions de Congolais dans une situation particulièrement vulnérable. Le Plan d'Action 2006 est le résultat d'un travail intense de toute la communauté humanitaire en RDC, composée des agences du système des Nations Unies, des organisations non gouvernementales nationales et internationales. La MONUC se félicite du lancement du Plan d'Action dont l'application permettra de contribuer à la reconstruction de la RD Congo après les élections, et à prendre en compte les besoins humanitaires des populations.

Au Nord Kivu la situation se stabilise, comme va vous l'expliquer le Colonel Bergeron. La MONUC salue les initiatives visant à favoriser le dialogue entre les communautés du Nord Kivu, notamment, à Goma, celle de la Commission de concertation et de sensibilisation du Révérend Samson Ilunga. Cette Commission a pour objectif de contacter tous les acteurs de la crise dans le territoire de Rutshuru et d'identifier les moyens susceptibles de créer un climat favorisant la tenue des élections dans le calme. Par ailleurs, la MONUC salue aussi le dialogue entamé à Kinshasa par les représentants de toutes les communautés du Nord Kivu, dialogue facilité par la Commission Vérité et Réconciliation.
Sur le plan militaire, au Nord Kivu, je passe la parole au Colonel Bergeron – qui remplace momentanément le porte-parole militaire. Le Colonel Bergeron est l'adjoint du Chef d'Etat Major de la Force :
Un calme relatif prévaut à l'Est du territoire, en dépit des velléités de déstabilisation menées par des groupes armés. Cette tendance est consécutive au redéploiement du dispositif de la MONUC dans les secteurs ciblés par ces bandes armées.
Au Nord Kivu la situation se stabilise. Le dispositif mis en place par la MONUC a favorisé le retour progressif des populations dans les localités de Kiwanja et de Rutshuru, où les élèves ont pu reprendre les cours après un mois de fermeture des classes. Cette situation découle d'une meilleure prise en charge du secteur par la MONUC et la mise en place de la 2ème Brigade intégrée des FARDC. En effet, les casques bleus indiens sécurisent la région avec des patrouilles mécanisées organisées à partir de Rutshuru et de Kanyabayonga, tout en élargissant le dispositif jusqu'à Kibirizi et Rwindi. Le 11 février, une patrouille conjointe MONUC – FARDC a été effectuée à Bunagana, le long de la frontière avec le Rwanda pour confirmer l'absence d'insurgés dans cette zone.
Au Sud Kivu, une patrouille pakistanaise a accompagné du 7 au 10 février une mission DDRRR à Hombo pour extraire 18 combattants rwandais volontaires pour le rapatriement. Au retour, le convoi a essuyé des tirs de harcèlement de combattants hutus rwandais des FDLR. La prompte réaction des casques bleus a permis d'éviter des dommages personnels et matériels.
Le 11 février, une mine antichar a explosé au passage d'un camion civil sur la route entre Tubimbi-Mufa (40 km au sud-ouest de Walungu) quatre personnes ont été blessées. L'investigation menée par la Brigade de la MONUC du Sud Kivu a conclu à une pose récente de cette mine antichar. Les soupçons se portent sur les combattants hutus rwandais qui opèrent dans cette région. Le même jour, une unité pakistanaise s'est rendue à Nyamarhege pour recueillir des informations sur le meurtre de quatre personnes. Cet acte odieux également mis au compte du FDLR visait un vol de vivres. Face à cette situation, les unités pakistanaises effectuent des missions de contrôle de zone nuit et jour pour sécuriser les centres urbains et la campagne afin de garantir la liberté de circulation des populations. Il s'y ajoute l'entraînement conduit par un encadrement pakistanais à Kavumu au profit d'un bataillon des FARDC pour de futures opérations conjointes.
En Ituri, des rapports concordants semblent établir une recrudescence des activités d'hommes armés issus des ex-milices. Les casques bleus y répondent par une densification des opérations de contrôle de zone et des axes, en particulier au sud de Bunia, en direction de Marabo et à l'est de Bunia, en direction de Kasenyi. Deux compagnies bangladeshi et une compagnie pakistanaise continuent de contrôler la zone au sud de Marabo, en maintenant une surveillance accrue autour de Tchei.
Dans le Haut Uélé, une unité sénégalaise patrouille le long de la frontière soudanaise à partir d'Aba en surveillance d'éventuelles infiltrations de rebelles ougandais de l'Armée de Résistance du Seigneur (LRA).
Au Katanga, les travaux pour le déploiement à Manono se poursuivent. Une section d'une trentaine de casques bleus sud-africains s'y trouve actuellement. S'agissant de la mort du leader Mai Mai « Gédéon », la MONUC n'a pour le moment recueilli aucun élément probant qui permet de confirmer cette information.
Toujours au Katanga, la situation humanitaire reste préoccupante, et le nombre de personnes déplacées dans le territoire de Mitwaba continue d'augmenter. 30,756 personnes déplacées sont maintenant à Mitwaba, selon les informations fournies par le Bureau des Nations Unies de Coordination de l'aide humanitaire (OCHA). La MONUC a facilité la livraison de 30 tonnes de vivres fournies par le Programme alimentaire mondial. Au total, le PAM a prévu la livraison de 132 tonnes de vivre pour les personnes déplacées à Mitwaba.

PROTECTION DE L'ENFANT et DROITS DE L'HOMME

La MONUC est préoccupée par la présence d'enfants observés dans les rangs de la 83ème Brigade des FARDC (ancienne ANC - branche armée du Rassemblement Congolais pour la Démocratie). Hier, mardi 14 février, 28 garçons ont pu être séparés de cette brigade par les partenaires de la Protection de l'Enfant, un nombre encore plus élevé avait été déjà observé au camp militaire des FARDC à Mushaki. La MONUC appelle donc les autorités miliaires Congolaises à respecter leurs engagements internationaux et à s'assurer que des enfants – garçons ou filles– ne soient pas recrutés par les FARDC, qu'il s'agisse de troupes brassées ou non.
Nous avons avec nous, Joanna Wells de la Division des Droits de l'Homme pour faire le point de la situation dans ce domaine pour le mois de janvier.
Au cours du mois de janvier, de nombreuses enquêtes ont été menées par la Division des droits de l'Homme sur des cas de viols qui auraient été perpétrés par les FARDC en Ituri. En tout, ce sont une dizaine de viols qui ont été enregistrés dans ce district. Au Nord Kivu, les FARDC sont à l'origine de plusieurs assassinats et viols de civils.
Au Kasaï Occidental, la Prison Centrale de Tshikapa ne dispose pas d'eau potable et les détenus sont contraints de boire directement l'eau de la rivière Kasaï. Ils manquent de nourriture et de soins médicaux ; beaucoup parmi eux souffrent d'un stade avancé de malnutrition. Le Directeur enverrait des prisonniers sur la route extérieure à la prison pour quémander de la nourriture. Certains détenus attendent depuis 2004 que leur dossier soit traité devant un tribunal.
Enfin, la Division des Droits de l'Homme de la MONUC poursuit son observation du procès de 12 militaires poursuivi de crimes contre l'humanité pour le viol massif et le pillage, en décembre 2003, du village de Songo Mboyo, dans la province de l'Equateur. Les chambres foraines ont eu lieu pendant le mois de janvier et la population locale s'est réjouie du retour de la justice dans cette région. Le jugement sera rendu vers fin février.