Verbatim point de presse-22 fevrier 2006

13 fév 2009

Verbatim point de presse-22 fevrier 2006

La situation sécuritaire d'un point de vue général est resté calme sur l'ensemble du territoire congolais ; aucun événement majeur n'est venu perturbé la sécurité de la République démocratique du Congo depuis la semaine dernière. Ce dont nous nous réjouissons.
Depuis la semaine dernière donc, l'actualité s'est focalisée sur 4 points principaux :
- la visite du Représentant Spécial, William SWING à Bangui en RCA
- la promulgation de la Nouvelle Constitution
- Les efforts de la MONUC tendant à ramener le calme à l'Est,
- les atteintes à la liberté de la presse

* Le Représentant spécial du SG des Nations Unies en République démocratique du Congo, Monsieur William SWING a profité de la tenue à Bangui en République centrafricaine de la réunion des Ministres des Affaires étrangères de la Région des Grands Lacs, pour s'entretenir avec le Président François BOZIZE de la Centrafrique. Ensemble, ils ont fait un large tour d'horizon des questions de l'heure, notamment de la sécurité dans la région ainsi que des élections en RD Congo.

* A propos des élections au Congo, la MONUC note avec satisfaction la promulgation samedi dernier de la nouvelle Constitution de la République démocratique du Congo. Il s'agit là d'une preuve supplémentaire que le processus de Transition est irréversible, et que les Congolais ont définitivement choisi la voie de la Paix, en pariant sur l'avenir. Pour la MONUC, ce pari vaut la peine, et nous continuons à attendre le vote rapide et définitif de la future Loi électorale, qui permettra non seulement à la CEI de nous proposer un calendrier électoral clair, mais également aux Congolais de mieux se préparer en vue des premières joutes électorales libres, démocratiques et transparentes de leurs histoire, depuis plus de quatre décennies.

Le Chef de la MONUC, William SWING, a par ailleurs profité de la cérémonie de promulgation de la nouvelle Constitution, pour avoir des entretiens bilatéraux avec certains chefs d'Etats étrangers ; notamment avec le président sud-africain Thabo MBEKI et le président du Congo-Brazzaville Denis Sassou NGUESSO. Une fois de plus, il a été question du soutien des uns et des autres au bon déroulement du processus électoral en RD Congo ; mais vous vous doutez bien, Mesdames et Messieurs, que les développements de la situation dans la sous-région ont aussi figuré au menu des entretiens entre le Représentant Spécial et ses hôtes. Enfin, toutes les parties ont convenu de l'importance du respect du calendrier électoral en RDC.

Au plan militaire, la MONUC poursuit son redéploiement à l'Est, en vue d'un retour définitif au calme dans les zones où comme vous le savez, les populations civiles ont été l'objet d'attaques de la part des groupes armés ; nous sommes là en Ituri et dans le Sud-Kivu. Mais Le Général HOUDET, chef d'Etat-major de la Force de la MONUC a plus de précisions à ce sujet. Général, je vous laisse la parole :

« La poursuite du redéploiement à l'Est du territoire conforte une situation apaisée quoique fragile, concrétisée par une nette diminution des exactions sur les populations civiles, en dépit d'actes répréhensibles isolés commis par des groupes armés de bandits. Les bandits et criminels qui rançonnent la population sont très résolument recherchés. La population veut la paix pour voter.
En Ituri, la situation est restée stable. La MONUC a accompagné le mouvement du bataillon commando des FARDC de ABA à Bunia, mouvement qui devrait être complété aujourd'hui même. Par ailleurs, deux compagnies bangladeshi et une compagnie pakistanaise maintiennent des actions de contrôle de zone au sud de Marabo, en resserrant davantage l'étau autour de Tchei. Les échanges d'information avec les autorités locales et les reconnaissances menées avec les FARDC se poursuivent dans le cadre de la planification des opérations futures. Dans les autres sous-secteurs, des opérations de patrouilles terrestres et lacustres sont conduites pour une meilleure prise en compte de la menace.
Au Nord Kivu, la situation est également sous contrôle. Les casques bleus indiens multiplient les patrouilles dans les différentes localités du territoire de Rutshuru. Toutefois, des actes de brigandage ont été commis par des groupes de bandits qui mettent à profit les temps de flottement constatés lors des relèves de troupes des FARDC. Pour faire face à cette situation, une base mobile a été établie à Manguredjipa (80 km à l'ouest de Beni) et à Kibua (120 km à l'ouest de Goma) pour élargir la couverture sécuritaire du secteur. Par ailleurs, le 17 février 2006, 117 combattants Maï Maï se sont rendus à Butembo dans le but de rejoindre le processus DDR, après l'enregistrement de 04 combattants hutus rwandais du FDLR dans le même centre au cours de la semaine. La deuxième brigade intégrée et un poste de commandement avancé des FARDC ont été déployés à BUKAVU où ils ont été équipés. Ils interviennent maintenant dans la région jusqu'à RUTSHURU.

Au Sud Kivu, la situation est globalement calme, malgré une recrudescence des actes de banditisme de combattants hutus rwandais du FDLR dans le territoire de Kalehe (50km au nord de Bukavu), provoquant le déplacement de populations civiles vers le sud-est du secteur. Depuis le 5 fevrier une section d'une trentaine de casques bleus pakistanais est déployée à Kalehe et à terme, une compagnie entière y sera déployée, donc plus de 150 soldats. Le but de ce déploiement est d'étendre la zone d'influence de la brigade du Sud Kivu le long de l'axe menant à Goma et dans le nord de la province pour ainsi dissuader les groupes armés de s'en prendre aux populations civiles. Les casques bleus pakistanais en charge du secteur procèdent par des patrouilles afin d'endiguer cette menace. Ainsi, le 15 février 2006, une patrouille s'est rendue à Minembwe pour une bonne appréciation de situation. Plus concrètement, les troupes pakistanaises ont poursuivi leurs missions de contrôle de zone, de jour comme de nuit, dans la région du Walungu (80 km au sud-ouest de Bukavu). Elles garantissent le passage dans le parc de Kahuzi-Biega et sur le lac Kivu, sans occulter la sécurité autour des lieux de culte»
Puisque nous parlons des aspects sécuritaires, restons-y pour rappeler que la MONUC n'épargnera aucun effort pour aider les autorités congolaises à mettre hors d'état de nuire Monsieur Laurent NKUNDA et sa bande ; le Représentant Spécial, William SWING a ainsi proposé au Gouvernement congolais la mise en commun de moyens FARDC-MONUC dans le cadre d'une opération militaire conjointe destinée à traquer et à arreter Laurent NKUNDA ; des discussions se poursuivent à ce sujet. Mais ce que nous devons retenir, c'est la détermination de la Communauté internationale à soutenir les efforts du Gouvernement congolais pour la protection des populations civiles. Il s'agit là d'un devoir dont la MONUC s'est toujours acquitté et dont elle continuera à s'acquitter.

Mais il faut surtout rappeler et rassurer l'opinion qu'avec l'aide de la MONUC et ses autres partenaires, quelque 16.000 combattants ont été désarmés, démobilisés et réinsérés dans la vie sociale. Nous estimons actuellement qu'il ne reste pas plus de mille rebelles dans ces zones, et que ceux-ci ne disposent plus des mêmes capacités de nuisance qu'il y a quelques mois encore. La MONUC, une fois de plus, ne ménagera aucun effort pour aider à la pacification totale et définitive de la partie Est du pays.

* Au niveau de l'appui à l'organisation des élections : la MONUC, en collaboration avec EISA, DFID et le PNUD a appuyé l'organisation à Kinshasa le 16 février dernier d'un séminaire sur les mécanismes de résolution des contentieux électoraux. Le Représentant spécial y a pris part, en compagnie du ministre congolais de la Justice, de l'Ambassadeur de GB en RDC, et des représentants de la CEI, de l'Organisation Internationale de la Francophonie, des Procureurs venus des différentes provinces du pays ainsi que d'un juge à la cour suprême du Bernin. Ceci constitue la première étape d'un processus qui va se poursuivre et qui demandera le soutien de tous, pour nous permettre de mieux gérer la période post-élections au Congo.

Au Kasaï Oriental et plus exactement à Mbuji-Mayi, il faut retenir l'arrivée du contingent sénégalais de l'Unité de Police Intégrée de la MONUC (FPU) ; ils sont déjà opérationnels, à la plus grande satisfaction des populations locales. Car il faut dire que cette Unité, dont une partie est aussi basée à Kananga au Kasaï Occidental, organise des patrouilles nocturnes. Ceci rentre dans le cadre de l'appui de la MONUC à la sécurisation du processus électoral, et aux taches de maintien de l'ordre public. Outre le contingent sénégalais, il faut savoir que nous avons aussi deux autres contingents au Katanga et dans la Province Orientale, et un contingent bangladeshi ici même à Kinshasa

* Au plan humanitaire, la MONUC est heureuse de vous annoncer l'arrivée ce samedi à Kinshasa de trois hauts responsables des Nations Unies : il s'agit des Directeurs exécutifs de l'UNICEF, du PAM et du HCR. Ce qui est intéressant et même inédit, c'est que c'est la première fois que trois dirigeants éminents des Nations Unies font un tel voyage dans un pays donné : cela témoigne de la volonté et de l'importance que les Nations Unies, et au-delà, la communauté internationale, attachent à la République démocratique du Congo, à ses problèmes et aux souffrances de ses populations. Nous l'avons dit et répété : la crise congolaise est probablement la plus grande et la plus grave qu'ait plus connue l'humanité depuis la seconde guerre mondiale ; certains ont même dit qu'il s'agissait d'un Tsunami tous les 6 mois au Congo ! C'est donc avec satisfaction que nous nous apprêtons à accueillir dans trois jours les Directeurs Exécutifs du PAM, Monsieur James Morris, de l'UNICEF, Madame Ann Venneman et du HCR, Monsieur António Guterres.

Toujours au Plan Humanitaire, la MONUC reste fortement préoccupée par la situation des dépendants de militaires à Mbuji-Mayi dans la Kasaï Oriental ; quelque 1680 personnes, dont 870 femmes et 810 enfants d'ex-combattants basés au Centre d'Orientation de Lukelenge vivent dans des conditions insupportables ; le pire est à craindre, d'autant que la CONADER nous a informés de l'afflux massif et presque quotidien de militaires à Mbuji-Mayi, dans le cadre des opérations de DDR. Nous voulons tirer une sonnette d'alarme sur cette situation ; la MONUC y travaille activement avec ses partenaires du SNU, pour qu'au moins les dépendants de ces militaires soient pris en charge jusqu'au niveau des Centres d'Orientation.

Une bonne nouvelle malgré cette situation sombre et toujours au plan humanitaire, grâce à un financement de la MONUC, la réhabilitation de la Route Mudja-Mutaho dans le Territoire de Nyiragongo dan le Nord-Kivu aura enfin lieu. Les travaux ce mardi.

* Protection de l'Enfant : Au Nord Katanga, sur intervention de la MONUC/Kalemie, en collaboration bien sur avec les autorités locales et les Agences des Nations Unies, l'ancien chef Mayi-Mayi BUZITO a accepté de libérer quelque 364 enfants identifiés comme tel au sein de son groupe. Ces 364 enfants viennent s'ajouter aux premiers 73 libérés depuis décembre dernier par les anciens groupes Mayi-Mayi.

Le gouvernement de la RDC a signé la Convention sur les droits de l'enfant ainsi que le Protocole facultatif qui interdit le recrutement des enfants de moins de 18 ans. De plus, la RDC vient de signer le Statut de Rome qui fait du recrutement forcé des enfants de moins de 15 ans (crime de guerre). Et plus récemment, la nouvelle Constitution de la RDC stipule que le recrutement d'enfants à des fins militaires est interdit; Art 190. La MONUC souhaite donc l'application stricte de ces dispositifs, pour permettre aux enfants congolais de profiter de leur jeunesse, de choisir le chemin de l'école et non plus d'être utilisés par des groupes et forces armés.

* Enfin, La MONUC reste fortement préoccupée par les atteintes répétées à la liberté de la Presse en République démocratique du Congo. Des journalistes congolais ou de Radio Okapi continuent à faire l'objet de menaces à travers le pays : la MONUC tient à réaffirmer son attachement à ce pilier de la démocratie ; elle condamne fermement toute intimidation ou arrestation arbitraire de journalistes, sous quel que motif que ce soit. Cette situation préoccupe également au plus haut point le CIAT.