Verbatim point de presse-18 octobre 2006

13 fév 2009

Verbatim point de presse-18 octobre 2006

Le point de presse de ce mercredi 18 octobre 2006 a été animé par le Porte-parole adjoint de la Mission Jean-Tobie Okala, le Directeur de la Division des Droits de l'Homme de la MONUC, Fernando Castanon et Lieutenant-colonel Stéphane Lescoffit [Porte-parole militaire].
Bonjour à tous et à toutes, et merci pour votre fidélité à ce rendez-vous hebdomadaire avec la Mission des Nations Unies en République démocratique du Congo ; rendez-vous au cours duquel trois points seront abordés :

- La situation sécuritaire du pays
- Le processus électoral
- Un mot sur l'exercice des libertés publiques en RDC
- Et enfin la situation humanitaire

Sur le plan sécuritaire, sachez qu'au cours des sept derniers jours, la situation générale en République démocratique du Congo est restée stable, malgré la multiplication déplorable d'incidents, parfois violents et liés à la campagne électorale pour le second tour de l'élection présidentielle. Pour de plus amples détails, je vais passer la parole au Lieutenant-colonel Lescoffit, Porte-parole militaire :

La situation sécuritaire dans l'ensemble de la République Démocratique du Congo est globalement calme et paisible. La MONUC continue journellement à patrouiller à travers le territoire de la RDC, et à l'approche du 29 octobre, un nombre un peu plus important de Bases Opérationnelles Mobiles et de patrouilles va être mis en place, pour que le second tour de l'élection présidentielle et les élections provinciales se déroulent dans les meilleures conditions possibles.
Depuis le début de l'opération Patrouilles KINSHASA ville sans armes, le nombre total des personnes contrôlées est de 125, pour 29 interpellations et autant d'armes collectées.

De même, conformément à l'Acte d'Engagement signé par les représentants des deux candidats au second tour de l'élection présidentielle, des Observateurs militaires sont en place auprès des principaux camps militaires de la ville province de Kinshasa. Il s'agit des camps de MALUKU, KIBOMANGO, KOKOLO, CETA et de TSHASHI. La mission de ces équipes est de contrôler, conseiller et surveiller les mouvements propres à ces camps.
Depuis la semaine dernière, un bataillon Bolivien a relevé le bataillon Uruguayen à Kananga et Mbuji-Mayi. Quant au bataillon uruguayen, il est en train de se re-déployer à Kinshasa.

Toujours la semaine dernière, le commandant du secteur 2 à Kisangani a obtenu un accord entre les FARDC et la Garde Républicaine en vue de réaliser l'opération Kisangani, Ville Sans Armes à l'approche des élections. Un programme de patrouilles conjointes a été planifié pour la période pré et post électorale, incluant les militaires et les policiers de la MONUC, les FARDC, la Garde Républicaine, la Police Nationale Congolaise.

Le chef des opérations des FARDC en Ituri a confirmé le 12 octobre que le 811eme bataillon qui était stationné à Marabo est remplacé par la 13eme Brigade Intégrée, dont les 4000 soldats sont attendus en Ituri. Rappelons que cette brigade a été formée au centre de Nyaleke au Nord Kivu.

Le 16 octobre, une Base Opérationnelle Mobile a été établie à Medu, dans le but de renforcer la présence des Casques bleus sur le terrain. Cette opération est réalisée en collaboration avec les FARDC.

Dans les Kivus, le 12 octobre, l'équipe d'Observateurs militaires de Goma a reçu des informations à propos de 44 soldats provenant des ex-ANC brigades qui ont décidé de se rendre au cours des deux dernières semaines.
Le 12 octobre une Base Opérationnelle Mobile a commencé son déploiement à Shabunda.
Le 16 octobre, l'opération South Slaver a débuté dans la plaine de la Ruzizi, entre autre, elle consiste en des patrouilles communes par le Bataillon Pakistanais, les FARDC et la Police Nationale Congolaise.

Au chapitre des élections, la MONUC considère que l'actuel processus électoral en RDC est une étape importante du chemin de la paix et de la stabilité du pays. La MONUC réaffirme la détermination des Nations Unies à jouer leur rôle dans l'appui à un processus électoral crédible et transparent en RDC. Certes, nous avons relevé ces derniers jours, avec beaucoup de regrets, la multiplication de provocations inutiles et d'incidents, parfois violents, aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur du pays, notamment à Mbandaka, Mashi Manimba dans le Bandundu, Lodja au Kasaï Oriental ou Kinshasa. Nous les condamnons et appelons tous les acteurs politiques à penser d'abord au peuple congolais, et à s'abstenir de tout acte de violence et de tout propos de haine afin que la campagne électorale puisse se dérouler dans un climat apaisé, comme le souhaite la population.

C'est aussi le principal message que le Sous-secrétaire général des Nations Unies, chargé des Affaires politiques, est venu délivrer aux hommes et femmes politiques lors de sa dernière visite en RDC. Monsieur Ibrahim Gambari a ainsi rappelé aux deux candidats à l'élection présidentielle qu'il était de leur responsabilité de faire en sorte que les espoirs du peuple congolais ne soient pas déçus une fois de plus, alors qu'ils commencent à voir les fruits de leurs sacrifices, en plus de quarante ans d'indépendance. Le Sous-secrétaire général des Nations Unies a par ailleurs invité les deux candidats à accepter les résultats des prochaines élections et à éviter d'utiliser les médias pour véhiculer des messages de haine.

La MONUC, tout comme le Sous-secrétaire général, reste persuadée que ce message a bien été reçu par les deux candidats, et qu'ils respecteront leur parole.

Le train approche de la gare, la MONUC a aidé à la mise en place de mesures de confiance pour éviter qu'il ne déraille. C'est l'occasion de remercier ici encore une fois, les Congolais pour leur maturité et la discipline dont ils font preuve depuis le début de la transition pour permettre à ce train d'arriver à la gare.

Chaque étape franchie par ce train est une victoire pour les Congolais. Depuis le 30 juillet dernier, la RDC n'est plus le même pays ; le 22 septembre 2006 a marqué une nouvelle étape dans ce processus, et le 29 octobre prochain en constituera une autre dans la longue, difficile mais exaltante route de la stabilité et de l'enracinement de la démocratie dans le pays. C'est pour cela que, pour continuer à mériter la confiance et le soutien de la communauté internationale, la MONUC invite les Congolais à garder le cap et à continuer à travailler pour garder le processus crédible. Cela signifie : une campagne électorale pacifique et qui privilégie le débat d'idées, une participation massive aux scrutins, un sursaut civique des populations, l'acceptation des résultats par tous, une période post-électorale apaisée, avec un gouvernement qui gouverne dans l'intérêt de tous, et une opposition respectée, qui joue son rôle d'opposition.

Le Comité international des Sages et le Comité international d'appui à la transition, CIAT, ont aussi, tous les deux, appelé les candidats à l'élection présidentielle ainsi que tous les hommes politiques à s'abstenir de tout acte de violence et de tout propos de haine afin que la campagne électorale puisse se dérouler dans un climat apaisé. Le CIAT a déploré les attaques physiques, les menaces de mort et les atteintes à l'intégrité physique dont ont été victimes un certain nombre d'acteurs politiques, ainsi que les atteintes aux biens matériels.

De son coté, le Président Chissano qui préside le Comité international des Sages a rappelé que tous les interlocuteurs qu'il a rencontrés l'ont assuré que le scrutin du 29 octobre se déroulerait sans problème et ont promis de s'y investir ; le Président Chissano a émis l'espoir qu'on ne devrait « pas compter encore des morts » en RDC, comme cela avait été le cas après la publication des résultats du premier tour de la présidentielle. « Ni les hommes politiques, ni la population, personne ne peut tolérer ce qui s'est passé du 20 au 22 août à Kinshasa, a-t-il déclaré, faisant au moins 23 morts ».

Joaquim Chissano a enfin félicité la population congolaise pour son calme lors des événements du mois d'août, affirmant que « c'est elle (la population) qui a maîtrisé la situation lors des événements survenus en août dans la capitale, parce qu'elle n'a pas pris partie pour l'un ou l'autre camp ».

Vous aurez remarqué la présence parmi nous aujourd'hui de mon collègue Fernando Castanon à qui je dis bonjour ; Fernando est, comme vous le savez, Directeur de la Division des Droits de l'Homme de la MONUC. Il nous accompagnera pendant ces deux semaines de campagne, pour faire régulièrement le point, comme en juillet dernier, sur l'exercice des libertés publiques en RDC. Fernando :

Avant de passer en revue de la situation actuelle, et suite à certaines questions qui nous on été posées, la Division des Droits de l'Homme (DDH) tient à préciser que dans son suivi des violations des droits de l'homme, elle suit une méthodologie précise, claire et rigoureuse. En effet, les cas rapportés et publiés ont été au préalable vérifiés. Les victimes, les témoins et les autorités compétentes sont entendus pour corroborer les faits. L'usage du conditionnel dans nos rapports et lors de la conférence de presse est une exigence pour nous car la DDH ne peut se substituer à un tribunal pour prononcer un jugement, rôle dévolu aux autorités judiciaires de ce pays. En outre, il faut rappeler que certains détails des cas rapportés ne peuvent jamais être précisés, pour ne pas compromettre la sécurité des victimes et des témoins.

Depuis le début de la campagne électorale, de nombreux rapports reçus par DDH font état d'une croissance préoccupante d'incidents de violence ou d'intolérance politiques. À Lodja, à Mbuji Mayi, à Lubumbashi et à Kindu, des actes de violence ont été posés contre des militants qui battaient campagne ou qui portaient des t-shirts à l'effigie de leurs candidats préférés. Des actes d'intolérance rapportés à la DDH vont de l'arrachage de banderoles à la destruction, par un groupe armé, d'une antenne relais d'une station de télévision à Lubumbashi.

L'Observatoire National des Droits de l'Homme (ONDH), en collaboration avec la Commission Electorale Indépendante (CEI) et la DDH de la MONUC, a organisé ce vendredi 13 octobre la cérémonie de signature de l'Acte d'engagement au respect des principes et normes en matière de l'organisation des réunions et manifestations publiques. Il est rappelé dans cet acte, en résumé :

- aux autorités politico-administratives, qu'elles ont l'obligation de respecter le droit d'organiser des manifestations et des réunions pacifiques, selon la nouvelle procédure de déclaration préalable, mais aussi que l'exercice de ce droit, peut faire l'objet de certaines restrictions relatives au respect de la loi, de l'ordre public, des bonnes mœurs et des droits d'autrui ;

- aux forces de l'ordre (PNC), qu'elles n'interviennent pour disperser les rassemblements qu'en cas de débordement ou de trouble grave et qu'elles auront recours, pour toute intervention, à des moyens non violents avant de faire usage de la force et ne pourront utiliser d'armes à feu contre les participants que dans les circonstances bien déterminées ;

- aux organisateurs, qu'ils ont la responsabilité première d'encadrer les participants et de veiller au bon déroulement des rassemblements.

Le Ministre de l'Intérieur, ainsi que de nombreux représentants de partis politiques, organisateurs potentiels de manifestations, ont déjà signé l'acte d'engagement. La DDH invite instamment les États-majors des deux camps, tant dans la capitale que dans les provinces, à apposer leur signature au bas de l'Acte d'engagement, particulièrement à la lumière des heurts violents qui ont opposé des partisans des deux candidats à la présidence lors de réunions électorales à Lodja ce lundi et dans le souci d'éviter la répétition de tels incidents.

Pour terminer sur une note très positive, la DDH se félicite de la décision de renvoi, établie le 12 octobre 2006, par laquelle l'Auditeur Militaire Supérieur du Katanga fixe l'affaire Kilwa à la Cour Militaire. Il s'agit de l'acte officiel de mise en accusation de neuf éléments des FARDC poursuivis principalement pour des crimes de guerre et de trois agents de la société minière qui se seraient faits complices de la commission de ces crimes à Kilwa en octobre 2004. La DDH a apporté son soutien aux autorités compétentes depuis le début de cette affaire, et elle va suivre attentivement le déroulement du procès judiciaire.

Sur le plan social et humanitaire et d'abord au Nord Kivu, la section des affaires civiles de la MONUC a participé hier mardi 17 octobre à une mission conjointe dans le district de Rutshuru. Cette mission avait pour but de discuter avec les autorités locales du sort des 1 100 déplacés du site de Nyongera. Les autorités voulaient inciter ces déplacés à quitter cette localité, estimant que les conditions de sécurité étaient désormais remplies pour qu'ils rentrent chez eux. Tout en s'engageant à poursuivre leur assistance auprès des déplacés, les humanitaires ont rappelé qu'un retour forcé est contraire aux principes du droit humanitaire. Leur message a été entendu.

Par ailleurs, comme conséquence des accrochages autour de Jiba et du mont Avi, le nombre des déplacés est passé de 45,000 à 57 000. Les humanitaires assurent la prise en charge de la santé, de l'hygiène et de l'éducation. Etant donné la volatilité de la situation sécuritaire, la majorité des déplacés juge prématuré un retour sur leurs terres, selon leur représentant et le Chef de la collectivité de Geti.

Signalons enfin que la MONUC a assuré en fin de semaine dernière le transport de plus de 4 tonnes de pièces détachées, dont un moteur de locomotive, de Kindu à Kisangani, qui serviront à la réactivation de la ligne ferroviaire Kisangani – Ubundu. Outre le transport privé de passagers et de marchandises, cette liaison devrait permettre d'acheminer prochainement plus de 1 000 tonnes de fret humanitaire.

* Nous allons maintenant passer aux questions. Première question :

Mesdames et Messieurs, avant de nous quitter, retenez aussi que mardi 24 octobre prochain sera célébrée la Journée des Nations Unies à travers le monde et partout en RDC. Ici à Kinshasa, le système des Nations Unies a choisi l'ISTA, Institut supérieur des techniques appliquées, comme lieu unique où se dérouleront les activités liées à la traditionnelle semaine des Nations Unies qui précède cette Journée.

Ainsi, dès ce mercredi 18 octobre, la MONUC projettera des films vidéo sur ses activités. Demain jeudi, ce sera au tour du PNUD, de l'UNICEF, de l'OMS et de l'UNESCO d'échanger avec les étudiants de cet Institut ; et vendredi 20 octobre, ONUSIDA, de UNFPA, PAM, Banque mondiale HCR présenteront à leur tour leurs activités. Le samedi 21 octobre connaîtra, entre autres, la visite du Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies ; Monsieur Swing fera un exposé sur le rôle des Nations Unies dans la restauration de l'Etat congolais. D'autres exposés suivront le mardi 24 octobre, notamment sur la réponse des Nations Unies face aux défis humanitaires en RDC, l'apport des Nations Unies dans la lutte contre la pauvreté au Congo par nos collègues du PNUD ou encore la place de la RDC au sein du système des Nations Unies par le Ministère des Affaires étrangères.

Mesdames et Messieurs, c'est ici que prend fin ce point de presse. Merci et à la semaine prochaine.