Verbatim point de presse MONUC du mercredi 18 juillet 2007

13 fév 2009

Verbatim point de presse MONUC du mercredi 18 juillet 2007

Kemal SAIKI, Directeur, Bureau du Porte-parole et des Relations avec les Médias.
Bonjour à tous et à toutes et merci pour votre fidélité à ce rendez-vous hebdomadaire de l'information avec la MONUC. Bonjour également aux auditeurs de Radio Okapi et des radios partenaires qui nous suivent à travers la RDC et le monde entier grâce à l'Internet.
Depuis notre rencontre de la semaine dernière, la situation générale en République démocratique du Congo est restée calme ; même si aucun événement majeur n'est venu remettre en cause la stabilité et la sécurité de la République démocratique du Congo, il est à déplorer quelques accrochages dans la partie Est du pays, notamment dans le Nord Kivu.

Allégations de trafics d'or concernant des Casques bleus indiens dans le Nord Kivu.
Des agences de presse internationales et des journaux congolais se font l'écho, depuis la fin de la semaine dernière, d'informations selon lesquelles des soldats de la paix des Nations unies basés dans la province du Nord Kivu de la République démocratique du Congo, auraient été impliqués dans un trafic d'or avec des éléments des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) durant les années 2005 et 2006. Sitôt ces graves allégations portées à sa connaissance, la MONUC a expressément demandé à ce qu'une enquête soit menée par le Bureau des services de contrôle interne des Nations unies.

Lorsque l'enquête livrera ses conclusions, le Bureau des services de contrôle interne communiquera son rapport et ses recommandations au Département du maintien de la paix des Nations unies à New York, pour une action appropriée auprès du pays contributeur de troupes dont dépend le personnel du contingent concerné, conformément aux procédures onusiennes actuellement en vigueur. Comme vous le savez, la politique des Nations unies est de ne faire aucun commentaire sur toute enquête en cours et dont le rapport et les recommandations restent à transmettre officiellement aux autorités appropriées, afin de ne pas nuire à l'impartialité et à la régularité des investigations.

Le lundi 16 juillet, les Forces armées indiennes ont affirmé n'avoir reçu aucun rapport ou plainte sur des allégations concernant un trafic d'or impliquant certains de leurs éléments en mission de maintien de la paix dans la province du Nord Kivu, en République démocratique du Congo.

Parallèlement à cette enquête, deux départements des Nations unies, celui des opérations logistiques et celui des opérations de maintien de la paix, vont dépêcher une équipe d'audit de gestion à Kinshasa. Cette équipe, qui sera conduite par un haut responsable de l'ONU, travaillera à tous les niveaux de la Mission afin de dresser un tableau complet des diverses et récentes allégations de malversations ou de manquements à la discipline portées à l'encontre des membres du personnel civil et militaire servant dans les rangs de la MONUC.

La Mission des Nations unies en République démocratique du Congo a une politique de tolérance zéro absolue quand aux problèmes de mauvaise conduite et de manquements à la discipline et demeure vigilante dans la prévention des comportements graves et inacceptables. Elle est déterminée à sanctionner ou à demander à ce que soit sanctionné, de la manière la plus rigoureuse, quiconque dont la conduite sera avérée comme étant indigne d'un soldat de la paix ou d'un fonctionnaire des Nations unies.

Cependant, la MONUC réaffirme sa très grande confiance dans l'immense majorité de ses casques bleus, qui se conforme aux règles de conduite onusiennes, ainsi que sa gratitude pour leur dévouement et le travail qu'ils accomplissent au service de la paix, dans un pays qui n'a que trop longtemps souffert.

Comme à l'accoutumée, je laisse la parole au commandant Gabriel de Brosses, qui va passer en revue pour nous les activités militaires de la MONUC durant la semaine écoulée.
La situation sécuritaire en République démocratique du Congo a été relativement calme depuis la semaine passée.

À Kinshasa : Cinq soldats de la paix Uruguayens ont été décorés le samedi 14 juillet par l'ambassadeur d'Espagne pour avoir évacué, au cœur des combats, les diplomates et le personnel de l'Ambassade qui était prise sous le feu des belligérants lors des événements du 22 et 23 mars 2007.

À Ngundu : Depuis cette semaine, 80 soldats de la paix du contingent marocain se sont déployés à Ngundu, en vue de permettre l'établissement d'une base opérationnelle avancée. Dans les prochains jours ils seront rejoints par des personnels du génie du contingent indonésien en vue de réhabiliter les équipements de l'aéroport local. Ce dispositif s'inscrit dans le cadre du soutien au processus de paix de Juba, au Soudan et doit permettre à la MONUC de disposer de l'outil nécessaire pour assister à la réalisation de cet accord dont l'objet est d'obtenir l'arrêt des incursions en territoire soudanais des membres de la « Lord Resistance Army » (LRA).

Au Nord Kivu : La situation au Nord Kivu est restée tendue mais sous contrôle la semaine passée. Le dispositif de la force achève de recevoir ses matériels blindés cette semaine. Le rythme des opérations de la MONUC au Nord Kivu s'est maintenu au niveau élevé qui est le sien depuis les cinq dernières semaines. Au total ce sont 7 bases mobiles opérationnelles qui ont été activées à Rwindi, Nyamilima, Nyanzale, Mirangi, Muhangi, Kilolire et Kishero. Par ailleurs, les unités de la MONUC ont effectué 515 patrouilles la semaine passée.

Dans la nuit du 13 au 14 juillet 2007, une patrouille FARDC a intercepté cinq May-May dans la région de Butembo alors qu'ils allaient pénétrer dans le village de Katambi. Le bref accrochage qui s'en est suivi a causé la mort de deux des combattants May-May.

Des affrontements continuent d'opposer des factions rivales May-May des colonels Jackson et Lafontaine dans la région de Bingi.

Le 17 juillet, 25 personnels de la brigade Bravo ont été pris dans une embuscade des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) déclenchée à 5 heures du matin à la sortie sud de Nyamilima. Le bilan de ces affrontements est de quatre morts, deux soldats de la brigade mixée Bravo, un combattant FDLR et, hélas, celle d'un enfant de cinq ans.

Enfin, la MONUC s'inquiète du port d'uniformes étrangers, plus précisément rwandais, par les troupes des brigades mixées. Au lieu de porter les tenues des FARDC, un nombre croissant de soldats des brigades mixées portent des uniformes rwandais dépourvus d'insignes de nationalité. Compte tenu du fait qu'un lot d'uniformes en dotation dans les FARDC est disponible, la MONUC souhaite que tout risque de confusion soit évité et que les unités utilisent leurs tenues réglementaires.

Au Sud Kivu : La situation est restée tendue mais relativement calme la semaine passée. La base mobile opérationnelle de la MONUC à Minembwe a constaté que 59 combattants Banyamulenges se sont rendus cette semaine à la 112ème Brigade. La reddition de trente à cinquante autres dissidents Banyamulenges est attendue pour la fin de la semaine. Cinq bases mobiles opérationnelles sont actives cette semaine, à Bunyakiri, Minembwe, Chindubi, Kalongo et Nabishaka. La brigade MONUC du Sud Kivu a mené 397 patrouilles en véhicule et à pied la semaine passée.

Kemal SAIKI, Directeur, Bureau du Porte-parole et des Relations avec les Médias.
Droits de l'Homme
La MONUC condamne fermement et sans réserve l'agression physique, l'expulsion et les menaces de mort dont ont fait l'objet deux agents de la Division des Droits de l'Homme de la MONUC à Uvira le 9 juillet 2007 alors qu'ils étaient, avec le Procureur de la République d'Uvira, en visite conjointe des cachots de l'Agence Nationale de Renseignements (ANR) pour contrôler les aspects judiciaires et droits de l'homme de la détention.

En dépit des injonctions répétées du Procureur de la République, un cachot contenant plusieurs détenus n'a pu être inspecté car les agents de l'ANR en ont interdit l'accès. A la suite de ce refus, les agents de l'ANR ont expulsé manu militari le Chargé de la Section des Droits de l'Homme de la MONUC à Uvira et son Assistant, leur interdisant d'y retourner.

Le 13 juillet 2007, la MONUC a fait parvenir une note verbale au gouvernement congolais, rappelant la responsabilité des autorités de la République démocratique du Congo d'assurer la sécurité des agents de la MONUC, et recommandant au Gouvernement de prendre les mesures nécessaires afin que les auteurs de ces actes soient immédiatement suspendus et sanctionnés de manière exemplaire, conformément aux dispositions pertinentes de l'Accord de Siège entre la MONUC et le Gouvernement de la RDC.

Il convient de signaler que la Division des Droits de l'Homme continue d'enregistrer les cas de violations répétées des droits et libertés fondamentaux de l'homme perpétrés en toute impunité par l'ANR, notamment des atteintes à l'intégrité physique –y compris la torture–, des atteintes au droit à la liberté –principalement la violation des délais constitutionnels de la garde à vue– et les arrestations pour des infractions de droit commun, en violation du mandat de l'ANR tel que défini par le décret-loi 003-2003 du 11 janvier 2003 portant création et organisation de l'ANR.

La MONUC demeure engagée à poursuivre sa mission de promotion et de protection des droits de l'Homme en RDC, conformément à la Résolution 1756 du Conseil de Sécurité.

Situation humanitaire et protection des civils au Nord Kivu
La MONUC continue d'être vivement préoccupée par la question de la protection des civils dans le contexte actuel d'insécurité persistante dans certaines zones de la province du Nord Kivu, en particulier dans le Rutshuru où, en dépit des mécanismes renforcés d'appui à la sécurisation des civils mis en place par les Casques bleus de la Brigade du Nord Kivu, les populations continuent à fuir leurs villages, soit en raison d'affrontements entre FDLR et FARDC, d'attaques et de pillages de FDLR et autres hommes en armes non identifiés, soit par crainte de tels affrontements et violences.

Consciente des difficultés d'accès des humanitaires aux populations civiles vulnérables de cette zone, en particulier sur l'axe Kiwandja–Nyamilima–Ishasa, la MONUC a décidé, en concertation avec la communauté humanitaire, de renforcer sa présence sur cet axe, en particulier à Kisharo et ce dans les prochains jours.

Par ailleurs, la MONUC s'inquiète fortement des tentatives déplorables de détournement ou de prise de contrôle de l'assistance humanitaire internationale perpétrées par divers acteurs, y compris, dans le Masisi, par le Congrès National du Peuple (CNDP), le mouvement politico-militaire de Laurent Nkunda.

La situation des droits de l'homme dans la province reste quant également un important sujet de préoccupation, avec la persistance d'actes de violence et de crimes perpétrés à l'encontre de civils, ainsi que celle des arrestations et détentions arbitraires observées dans les différents territoires du Nord Kivu, y compris à Goma. A cet égard, la MONUC réitère son appel pressant aux autorités congolaises pour qu'elles respectent les procédures en vigueur en matière judiciaire.